par Paul Carrel

Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, a déclaré que le président des Etats-Unis avait raison de proposer que les principaux établissements financiers de Wall Street s'acquittent d'une nouvelle taxe pour rembourser aux contribuables jusqu'à 117 milliards de dollars.

"Nous devons voir maintenant en Europe (...) si nous poursuivons dans le même sens", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, à Luxembourg.

"Je n'ai pas d'idée préconçue mais je trouverais cela difficile d'adopter une approche commune alors que les problématiques fiscales sont décidées au niveau national", a-t-il ajouté, indiquant que les ministres des Finances de la zone euro en discuterait lors de la réunion de l'Eurogroupe lundi soir.

En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a déclaré que les Etats-Unis "avaient mené le sauvetage du secteur bancaire dans un cadre beaucoup plus important".

"Nous avons également des taxes importantes liées aux avantages que nous avons accordés aux banques", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse.

Elle a ajouté qu'elle attendait une discussion au niveau international sur ce dossier et était favorable à une taxe sur les transactions financières.

Dans le cadre de la structure de défaisance mise en place par l'Allemagne pour aider le secteur, les banques s'acquittent d'une taxe en échange des garanties apportées par l'Etat sur leurs actifs mis en péril.

LA FRANCE DÉFEND SA TAXATION DES BONUS

En France, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a jugé approprié le projet de Barack Obama pour les Etats-Unis alors que les mesures françaises ont été prises pour sa propre situation.

"La taxe que nous mettons en place sur les bonus, comme celle de la Grande-Bretagne, est la réponse la plus efficace pour le système français", a expliqué Christine Lagarde.

Le Trésor britannique a de son côté annoncé vendredi que les Etats-Unis avait eu des problèmes qui leurs étaient propres et avaient exigé une réponse différente.

"Le gouvernement américain s'attend à perdre plus de 100 milliards de dollars du fait de son intervention pour gérer les actifs (bancaires) en difficulté. Il est normal qu'il prenne des mesures pour récupérer le coût de son intervention, en tenant compte de sa propre situation nationale, financière et politique", a dit un porte-parole du Trésor.

Paris a décidé de taxer à hauteur de 50% les bonus des opérateurs de marché dépassant 27.500 euros, et Londres a annoncé un impôt semblable pour les bonus des opérateurs dépassant 25.000 livres (28.242 euros).

Le Financial Times rapporte vendredi que les Etats-Unis feraient pression sur les autres pays pour qu'ils lui emboîtent le pas. Et le quotidien britannique cite le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, déclarant: "Nous allons voir si nous pouvons encourager les dirigeants des autres centres financiers importants à faire quelque chose de similaire."

Avec Anna Willard et Tamora Vidaillet à Paris, version française Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez