Quels points communs peut-on trouver entre un A380 d'Airbus et l'iPad d'Apple ?

Dans les deux cas, l'entreprise à mis au centre un grand projet mobilisateur, fédérateur, ambitieux. Ce projet permet de voir loin, de dépasser les difficultés du quotidien et de proposer une « certaine idée » de l'entreprise et de son rayonnement sur le monde.

Pour l'A380, il suffit de voir le public admirer cet avion s'essayer aux différents aéroports européens, allemands en particulier, pour comprendre qu'il est bien plus qu'un avion ! Il est l'aboutissement d'une certaine vision de l'aviation commerciale de demain. C'est, d'une certaine façon, une reconquête de la mondialisation par l'homme : meilleur agencement de l'intérieur que dans les longs courriers classiques où la classe économique correspond plus à un bus de banlieue qu'à du transport de voyageurs en longue distance, nouveau modèle économique permettant de nouveaux services, ...

Pour l'iPad ou l'iPhone, c'est aussi le résultat d'un grand projet d'Apple de mettre l'informatique au service de l'homme, de faire disparaître ce fossé entre l'ordinateur et l'homme, avec une ergonomie repensée, un côté séducteur évident et un modèle économique centripète... qui nous ramène toujours vers Apple !

Bref, dans les deux exemples, nous avons un projet mobilisateur qui a fédéré l'entreprise et ses sous-traitants, qui a mobilisé les équipes et qui, pour corser le tout, n'était pas gagné d'avance, par exemple avec l'A380.

Que manque-t-il aujourd'hui à l'Europe ? Que manque-t-il aussi aux investisseurs, aux marchés, et plus largement à nos concitoyens, en Italie, Allemagne comme en France, et même de façon plus criante encore en Belgique ?

Précisément ce grand projet européen, ou cette grande force mobilisatrice qui permettait à nos concitoyens comme aux investisseurs de voir plus loin que les vaguelettes de la reprise ! Parlez d'Europe avec des étudiants et ils ont du mal à vous donner un thème précis de débat ou d'études. Il y a quelques années, l'idée de Constitution Européenne faisait recette. Aujourd'hui, il est bien difficile de proposer du « grain à moudre ». Même constat pour les investisseurs qui ont du mal à voir les contours d'une nouvelle révolution industrielle qui se profile, du côté des consommateurs comme de l'offre. Certes le « green business » a des atouts mais la dynamique semble faiblir un peu. Il n'empêche que les lignes bougent, de tout côté, et le report de l'âge de la retraite en est un signe évident.

Les forces en Europe sont aujourd'hui centrifuges. Un grand projet mobilisateur - politique, industriel, scientifique - permettrait d'inverser la tendance et de recréer une dynamique centripète ! Pour cela, il suffit de rêver et d'imaginer un peu plus loin dans l'alphabet que de s'arrêter aux A des agences de notation !

Laurent Guihéry