Alors que l'objectif de faire aboutir cette levée de fonds avant la fin de l'année est apparu ces derniers jours de plus en plus compromis, Christine Lagarde a déclaré que les négociations se poursuivaient et que les discussions avec le Koweït, en particulier, progressaient.

"On prendra le temps nécessaire pour parvenir à une transaction qui soit respectueuse de la valeur patrimoniale de l'entreprise et qui soit conforme à l'intérêt stratégique de la filière", a dit Christine Lagarde lors d'une conférence de presse.

"Il ne s'agit pas d'être pressé par le temps, il s'agit de prendre la bonne décision au bon prix avec les bons partenaires", a-t-elle ajouté.

"Les négociations, je vous rassure à cet égard, se poursuivent avec un certain nombre d'investisseurs, l'une d'entre elles avançant bien dans le court terme avec Koweit Investment Authority."

"Nous avons d'autres investisseurs intéressés, avec lesquels les négociations se poursuivront dans un terme un peu plus long."

Contrôlé à près de 90% par l'Etat, Areva a prévu de procéder à une augmentation de capital de 15%, estimée entre 1,5 milliard et 3 milliards d'euros, pour financer ses investissements.

Les fonds souverains du Qatar et du Koweït, ainsi que le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) discutent depuis plusieurs mois avec l'Etat pour participer à cette levée de fonds, décidée en juin 2009 et prévue avant la fin 2010 selon un calendrier présenté cet été par l'Elysée.

5% POUR LE KOWEÏT ?

Selon Les Echos parus mercredi, le Koweït pourrait prendre environ 5% du capital d'Areva pour environ 500 millions d'euros, tandis que le Fonds stratégique d'investissement (FSI) proposerait à Areva de lui racheter sa participation de 14% dans STMicroelectronics pour environ 700 millions.

Areva n'a pas souhaité commenter ces informations et personne n'était disponible dans l'immédiat au FSI pour évoquer le sujet.

Selon son document de référence, le spécialiste du nucléaire prévoit 6,5 milliards d'euros d'investissements organiques sur la période 2010-2012.

Le calendrier de la levée de fonds d'Areva a pris du retard ces dernières semaines, le Qatar ayant conditionné sa participation à la levée de fonds à la possibilité de convertir sa participation dans la division minière du groupe.

Selon la presse, l'émirat aurait en outre évalué la valeur d'Areva à 8 milliards d'euros, un montant très inférieur aux estimations de l'Etat.

Autre sujet de discorde, la candidature de MHI a suscité des critiques de la part d'EDF et d'Alstom.

Selon des sources industrielles, EDF redoute une forme d'entente entre Areva et MHI alors qu'il fait appel à ces deux fournisseurs exclusivement pour certains composants nucléaires.

Du côté d'Alstom, le PDG Patrick Kron a récemment qualifié de "mauvaise idée" l'éventualité de faire entrer MHI, son concurrent dans les turbines pour centrales, au capital d'Areva.

Les Echos rapportaient mardi que "la présidence de la République s'est dite opposée à l'entrée de MHI dans le tour de table du groupe nucléaire public".

L'Etat a en outre introduit un nouveau paramètre dans le projet d'augmentation de capital en demandant fin juillet à Areva et EDF de nouer une alliance stratégique qui pourrait se traduire par une montée de l'électricien public au capital du fabricant de réacteurs, dont il détient aujourd'hui 2,4%.

Jean-Baptiste Vey, Marc Angrand et Benjamin Mallet, édité par Dominique Rodriguez