L'agence de notation conserve une perspective négative sur la dette espagnole, ce qui sous-entend qu'elle juge possible une nouvelle dégradation si la situation budgétaire du pays se dégrade davantage que prévu, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

"A notre avis, l'Espagne devrait connaître une période prolongée de croissance économique limitée, ce qui affaiblira sa situation budgétaire", écrit S&P.

"Nous prévoyons désormais une croissance réelle du PIB de 0,7% par an entre 2010 et 2016, contre une précédente estimation de 1% par an pour cette période", poursuit l'agence.

Sa décision a provoqué un nouvel accès de faiblesse de l'euro, tombé à son plus bas niveau depuis un an face au dollar américain, à 1,3114 dollar sur la plate-forme électronique de transactions EBS.

L'Espagne est le troisième pays "périphérique" de la zone euro à voir sa note abaissée par S&P en deux jours, après le Portugal et la Grèce. Cette dernière a même été rétrogradée en catégorie spéculative ("junk"), avec une note de BB+.

Pour les analystes, la dégradation de la note de l'Espagne est plus préoccupante en raison du poids de son économie dans la zone euro, nettement supérieur à celui de la Grèce et du Portugal.

"L'Espagne, c'est vraiment l'éléphant dans le magasin de porcelaine. La Grèce et le Portugal sont de petits pays mais l'Espagne est à peu près cinq fois plus grosse en terme de PIB", a expliqué Win Thin, stratège devises de Brown Brothers Harriman à New York.

CONTAGION

Pour Tullia Bucco, économiste d'UniCredit, "la décision (de S&P) n'est pas surprenante après les dégradations d'autres pays cette semaine".

"L'Espagne subit des pressions pour assurer qu'elle prend des mesures sérieuses de consolidation budgétaire dans un climat de croissance faible."

Le gouvernement espagnol, par la voix de la vice-Premier ministre Maria Teresa Fernandez de la Vega, a assuré que Madrid disposait d'un plan crédible pour réduire le déficit.

"Nous avons mis en oeuvre un plan d'austérité et nous avons entamé les travaux de réforme du marché du travail, nous mettons en application toutes les mesures permettant d'atteindre nos objectifs", a-t-elle dit sur une radio publique.

"Je veux adresser un message de confiance aux citoyens et rassurer les marchés", a-t-elle ajouté.

La Bourse de Madrid a fini en baisse de 3% après la décision de Standard & Poor's et les deux principales banques du pays, Santander et BBVA, ont perdu respectivement 4,18% et 4,76%.

Les deux autres grandes agences de notation, Moody's et Fitch, attribuent pour l'instant toujours à l'Espagne la note suprême "triple A".

Moody's s'est refusé à tout commentaire sur la décision de S&P et Fitch a dit maintenir pour l'instant sa note et sa perspective stable, tout en évoquant des risques économiques à moyen terme.

"Il y a quelques mois seulement, on avait l'impression que (la crise) était limitée à la Grèce mais depuis 24 heures, on constate que la contagion gagne rapidement du terrain en Europe", constate Manoj Ladwa, trader d'ETX Capital.

Dena Aubin et Axel Bugge, Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten