par Andres Gonzalez et Nigel Davies

L'agence de notation Moody's a abaissé à Aa1, contre Aaa jusqu'à présent, sa note souveraine de l'Espagne, emboîtant ainsi le pas à ses concurrentes Standard & Poor's et Fitch.

Le "triple A", dont bénéficient encore des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne et la France, permettait depuis 1998 à Madrid d'emprunter sur les marchés à des taux relativement faibles mais a aussi contribué, jusqu'à la crise, à un recours à l'emprunt jugé excessif.

La baisse de la note de Moody's était attendue par les marchés et l'agence a précisé qu'elle ne comptait pas procéder à une nouvelle révision à court terme au vu des efforts entrepris par Madrid pour réduire ses déficits.

L'ampleur limitée de la dégradation et ces commentaires ont été salués par les marchés. En fin de séance, l'indice des principales valeurs boursières espagnoles gagnait 1,1%, l'une des plus fortes progressions des grands indices européens.

Moody's juge toutefois que les perspectives de croissance moroses rendaient nécessaires de nouvelles mesures d'austérité si le gouvernement voulait tenir ses objectifs de réduction du déficit pour les années à venir.

"Une grande partie de la consolidation budgétaire cette année et l'an prochain reposera sur des augmentations d'impôts et des mesures qui ne peuvent être poursuivies pendant de nombreuses années", a expliqué à Reuters par téléphone la principale analyste de Moody's pour l'Espagne, Kathrin Muehlbronner.

Le gouvernement a déjà coupé dans les dépenses publiques dans l'espoir de se différencier de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal et d'éviter ainsi une envolée de ses coûts de financement.

BAISSE DES EMPRUNTS, HAUSSE DES INTÉRÊTS EN 2011

Le projet de budget 2011 prévoit ainsi une baisse de 7,9% des dépenses, et le gouvernement a fait adopter par le parlement une réforme du marché du travail qui assouplit les recrutements comme les licenciements. Madrid veut en outre porter l'âge de départ en retraite de 65 à 67 ans.

Le chômage en Espagne a dépassé 20% au deuxième trimestre, deux fois la moyenne de la zone euro. Et le gouvernement a déjà relevé sa prévision à 19,8% pour cette année et 19,3% pour 2011.

De nombreux économistes s'attendent à ce que l'austérité fasse replonger la quatrième économie de la zone euro dans la récession cette année. Et Moody's n'attend pas plus de 1% de croissance par an en moyenne pour les prochaines années.

Lors d'une conférence de presse juste après la présentation du projet de budget aux parlementaires, la ministre de l'Economie, Elena Salgado, a déclaré que l'Espagne devrait continuer d'emprunter à des coûts "très raisonnables" et que le gouvernement maintenait ses prévisions en matière d'austérité.

Le projet de budget chiffre à 43,3 milliards d'euros le programme d'émissions nettes en 2011, contre 76,2 millions cette année. Malgré cette baisse, la charge des intérêts de la dette publique devrait augmenter pour atteindre 27,4 milliards d'euros l'an prochain, soit 2,5% du PIB.

Le gouvernement a réaffirmé sa prévision d'une croissance de 1,3% en 2011.

Madrid ne devrait pas rencontrer de difficultés pour faire voter le budget, le gouvernement minoritaire de José Luis Rodriguez Zapatero ayant conclu un accord avec le Parti nationaliste basque.

La prime que les investisseurs réclament pour détenir de la dette espagnole à dix ans plutôt que des emprunts allemands de même échéance a diminué jeudi pour s'établir à 189 points de base, contre 196 points mercredi.

Nigel Davies et Judy MacInnes, Gwénaëlle Barzic et Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez