(Actualisé avec un mort dans des affrontements, condamnation de 139 Frères musulmans et arrestation de 15 étudiantes, quatre derniers paras)

LE CAIRE, 30 décembre (Reuters) - Le gouvernement égyptien organisera vraisemblablement la prochaine élection présidentielle avant le scrutin législatif, ont déclaré lundi deux responsables, ce qui pourrait faciliter l'accession du chef des forces armées, le général Abdel Fattah al Sissi, à la tête de l'Etat d'ici le mois d'avril.

Le calendrier dévoilé après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet prévoyait la tenue d'abord des législatives.

Certains acteurs font cependant pression pour qu'il soit modifié et pour que la présidentielle ait lieu en premier. Ils invoquent pour cela la nécessité d'avoir aux commandes du pays un chef de l'Etat élu qui soit à même de nouer des alliances en vue des législatives.

Les personnalités politiques rencontrées récemment par le président par intérim, Adli Mansour, ont en grande majorité privilégié la tenue d'abord de l'élection présidentielle, selon des responsables au fait de ces discussions.

"Ceux qui ont pris part aux quatre rencontres (avec Adli Mansour) ont estimé, à une large majorité, qu'il fallait procéder d'abord à la présidentielle, et cela veut dire qu'il est très probable qu'elle aura lieu en premier", a dit l'un de ces responsables.

Le général Sissi passe pour le favori en vue de la présidentielle, même s'il n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature. Aucun autre candidat ne s'est déclaré, la classe politique attendant que le chef de l'état-major, également vice-Premier ministre, clarifie ses intentions.

La prochaine étape, dans le calendrier politique imposé par l'armée après avoir destitué Morsi, sera le référendum prévu les 14 et 15 janvier sur une nouvelle Constitution.

Le texte, dont la rédaction a été achevée le 1er décembre, permettra une modification du calendrier électoral, car il laisse ouverte la question de l'ordre dans lequel les scrutins doivent se dérouler.

Adli Mansour a déclaré dimanche que le gouvernement tenait à la tenue d'élections présidentielle et législatives au cours des six mois qui suivront le référendum de la mi-janvier.

Comme quasiment tous les jours depuis le 3 juillet, des incidents ont éclaté lundi entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi. Ils ont fait un mort et cinq blessés dans la ville de Damiette, sur la côte méditerranéenne.

La destitution de Mohamed Morsi a été suivie par une campagne de répression contre les Frères musulmans, dont est issu le président déchu.

Un tribunal du Caire a condamné lundi 139 membres de la confrérie à deux ans de prison et des amendes de 5.000 livres égyptiennes (522 euros) pour participation à des violences, des manifestations et des émeutes.

Le ministère de l'Intérieur a en outre annoncé l'arrestation de 15 étudiantes de l'université Al Azhar, devenue depuis la rentrée de septembre l'un des principaux foyers de la contestation contre le pouvoir mis en place par l'armée. Ces étudiantes favorables aux Frères musulmans sont accusées de troubles et d'incitation à la violence. (Asma Alsharif et Yasmine Saleh; Eric Faye et Bertrand Boucey pour le service français)