Il y a la situation de China Evergrande d'abord. Le développeur immobilier chinois coule à nouveau à pic alors qu'il va faire défaut sur les intérêts de sa dette aujourd'hui. Les autorités chinoises n'ont pas l'air d'avoir envie de siffler la fin de la purge, car elles ont prévu d'envoyer un puissant message à tous les Evergrande du pays. Mais une véritable débâcle du promoteur aurait des conséquences négatives pour l'économie chinoise, avec des répercussions dans plusieurs secteurs d'activité. La majorité des financiers ne voit pas dans ce dossier un "moment Lehman Brothers", la banque symbole de la crise de 2008. Mais c'est un événement majeur de la rentrée qui, du fait de son format feuilleton est d'autant plus déstabilisant.

Second sujet brûlant, le débat sur l'inflation n'a pas été enterré par le ralentissement de la hausse des prix constaté aux Etats-Unis en août. "Les prix du gaz naturel bondissent alors que les mois d'hiver ne sont pas encore là", titre le Wall Street Journal, quand la une des Echos est consacrée à "L'Inquiétante flambée des prix de l'énergie". C'est le dernier sujet de tension à entrer dans l'équation et un épineux problème pour les dirigeants politiques occidentaux à l'approche de l'hiver. A moins d'écouter l'oracle Boris Johnson pour qui la flambée est temporaire. Reste qu'à force d'empiler les poussées sur les prix, l'addition commence à être salée.

A ces deux événements, il faut ajouter les débats aux Etats-Unis sur la politique de la Maison Blanche et le plafond de la dette. Le premier sujet devient problématique parce que des tensions sont apparues dans le camp démocrate sur le plan de dépenses pharaonique et la façon de le financer. Le fait que le projet coince dans le camp Biden n'est pas très bon signe. Comme il intervient à un moment où il faut renégocier le fameux plafond de la dette fédérale, qui nécessitera un compromis entre les deux camps, on sent bien que le politique va prendre le pas sur l'économique à Washington. Je pourrais parler aussi des importantes élections qui se profilent en Allemagne dimanche prochain ou des tensions apparues dans le camp occidental depuis que Canberra a tourné le dos à Paris sur sa flotte de sous-marins. 

La somme de ces inconnues commence à émousser la belle confiance des investisseurs, alors que la banque centrale américaine se positionnera mercredi sur la teneur de sa future politique monétaire. Le marché pense toujours que la Fed fourbit ses armes pour réduire son programme de rachat d'actifs en fin d'année, tout en repoussant au maximum la perspective d'une hausse de taux. Le choix des mots, déjà si précis d'habitude, n'en sera que plus important.

Ce matin, les marchés sont fermés pour un jour férié au Japon, en Chine continentale et en Corée. Autant dire que la séance est un peu tronquée en Asie. Mais pas particulièrement enthousiasmante: Hong Kong prend une nouvelle gifle, en baisse de 4% à cause notamment des valeurs immobilières dans le sillage d'Evergrande. Le secteur des matières premières est tout aussi nerveux après les déclarations de Pékin laissant entendre que la Chine agira sur les débordements excessifs des prix, sans doute en jouant sur ses réserves stratégiques. L'ASX australien, riche en valeurs minières, chute de 2%, emmené par ses poids-lourds Fortescue, Rio Tinto et BHP.