BEYROUTH, 5 mai (Fondation Thomson Reuters) - L'Arabie saoudite a accordé un peu plus de libertés aux femmes en assouplissant davantage la règle qui les contraint à être chaperonnées par un homme dans presque tous les actes de la vie sociale.

La décision, rapportée par la presse cette semaine, a été saluée vendredi par des organisations de défense des droits de la femme comme un nouveau petit pas en avant.

Le royaume saoudien est l'un des pays du monde qui impose la séparation la plus stricte dans l'espace public entre hommes et femmes, ces dernières n'ayant notamment pas le droit de conduire et ne pouvant sortir de chez elles qu'intégralement voilées.

Les femmes doivent aussi obtenir l'autorisation de leur "mahram" (tuteur), qui peut être leur père, leur mari ou un autre membre masculin de leur famille, pour voyager, étudier ou même obtenir certains soins médicaux.

La presse a néanmoins rapporté que le roi Salmane, qui s'efforce dans le sillage de son père de moderniser à petites touches son pays malgré l'opposition d'un clergé ultraconservateur, avait émis un décret autorisant les femmes à bénéficier de certains services publics, comme la santé et l'éducation, sans l'assentiment d'un chaperon.

Cela signifie que les Saoudiennes pourront désormais, dans certaines circonstances, librement étudier, aller à l'hôpital, travailler dans les secteurs public et privé ou se représenter elles-mêmes devant un tribunal, décrypte Maha Akil, militante pour les droits des femmes et directrice de l'Organisation de coopération islamique (OCI), basée à Djeddah.

"Cela a au moins le mérite d'ouvrir la porte au débat sur le système du chaperon", dit-elle. "Les femmes sont indépendantes et peuvent prendre leurs propres décisions."

L'Arabie saoudite s'efforce depuis quelques années de faciliter l'accès des femmes au marché du travail pour augmenter les revenus des ménages et réduire la rente pétrolière.

La tendance a été amorcée en 2011 par feu le roi Abdallah lorsqu'il a autorisé des femmes à siéger au Conseil de la Choura, une instance conseillant le gouvernement.

Elles ont par la suite été autorisées à voter aux élections municipales, à travailler dans certains magasins et dans le secteur hôtelier ou encore à participer pour la première fois aux Jeux olympiques, en 2012.

L'Arabie saoudite n'en reste pas moins l'un des pays les plus mal classés en matière d'égalité des genres dans une étude réalisée l'an dernier par le Forum économique mondial sur la place des femmes dans l'économie, la politique, l'éducation et la santé.

Le principal obstacle à leur émancipation demeure le système de "mahram", souligne Maha Akil, très critique envers cette pratique "non islamique et humiliante pour les femmes". (Heba Kanso, Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser; Thomson Reuters Foundation est la fondation caritative de Thomson Reuters dédiée à la couverture des sujets humanitaires et liés aux droits des femmes, à la lutte contre la corruption et au changement climatique.; http://www.trust.org)