GOSLAR, Allemagne, 6 janvier (Reuters) - Le chef de la diplomatie turque s'est rendu samedi en Allemagne dans le but de travailler à l'amélioration de la relation entre Berlin et Ankara, qui s'est détériorée après les arrestations de ressortissants allemands en Turquie et la répression qui s'est abattue sur le peuple turc après le coup d'Etat manqué de 2016.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait été reçu la veille en France. Son homologue français Emmanuel Macron n'a pas caché les différends qui existent entre les pays de l'Union européenne et la Turquie.

A l'issue de sa rencontre avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, son homologue allemand Sigmar Gabriel a souligné les liens historiques entre l'Allemagne et la Turquie et le rôle joué par les travailleurs immigrés turcs dans la reconstruction de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.

Trois millions de Turcs ou de personnes d'origine turque vivent en Allemagne.

"Nous voulons faire tous les deux tout ce que nous pouvons pour surmonter les difficultés qu'il y a dans les relations entre l'Allemagne et la Turquie et trouver plus de points communs à l'avenir en nous souvenant de tout ce qui noue lie", a déclaré Sigmar Gabriel qui a accueilli son homologue dans sa ville natale de Goslar, en Basse-Saxe.

CONCILIANT

Sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à laquelle l'Allemagne est opposée, Mevlut Cavusoglu s'est montré plutôt conciliant.

"Nous avons intérêt à mettre nos désaccords de côté et à continuer notre chemin. Nous devons mettre l'accent sur les questions qui permettent que nos deux pays soient gagnants, comme l'union douanière", a déclaré le chef de la diplomatie turque.

Un des différends entre Berlin et Ankara concerne la détention dans les prisons turques de sept ressortissants allemands dont quatre ont la double nationalité. Berlin estime qu'ils sont détenus pour des raisons politiques.

La question de l'arrestation de Deniz Yücel, journaliste au quotidien Die Welt, a notamment été abordée, a indiqué Sigmar Gabriel, mais il s'est refusé à donner des précisions. La Turquie accuse le journaliste de faire de la propagande pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), formation kurde autonomiste interdite en Turquie.

Sigmar Gabriel a déclaré au magazine Der Spiegel avoir refusé des exportations d'armes à la Turquie et indiqué qu'il en serait ainsi tant que le cas du journaliste de Die Welt ne serait pas résolu.

Après le coup d'Etat manqué de la mi-juillet 2016 en Turquie, attribué par Ankara au réseau du prédicateur en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen, 50.000 personnes ont été arrêtées et attendent d'être jugées et 150.000 professeurs, magistrats et militaires ont été démis de leurs fonctions ou suspendus. (Reuters Television avec Ece Toksabay à Ankara; Danielle Rouquié pour le service français)