Les recommandations du Comité européen du risque systémique, publiées vendredi mais datant de début décembre, sont destinées à accélérer l'action des autorités des deux pays.

"L'Autriche et l'Allemagne ont déjà reçu des avertissements du CERS en 2016 et 2019, respectivement, mais leurs vulnérabilités n'ont pas été suffisamment prises en compte.

Plus précisément, le CERS souhaite que Berlin et Vienne imposent des limites au montant que les acheteurs de biens immobiliers peuvent emprunter par rapport au prix d'achat et à leurs revenus.

Toutefois, le ministre allemand des finances, Christian Lindner, s'est opposé à l'introduction d'un ratio prêt/valeur pour les acheteurs de logement, déclarant dans une lettre au CERS publiée vendredi que les banques devraient simplement agir "prudemment".

Le CERS recommande également aux autorités d'ordonner aux banques de constituer des coussins de capital pour absorber d'éventuelles pertes par le biais d'un "coussin contracyclique" et d'un "coussin sectoriel de risque systémique" pour les prêts résidentiels.

Depuis la publication de la recommandation le 2 décembre, l'organisme allemand de surveillance financière BaFin a introduit un coussin contracyclique de 0,75 % et a déclaré qu'un coussin supplémentaire de 2 % serait mis en place pour les prêts hypothécaires résidentiels.

Son homologue autrichien a déclaré vendredi qu'il souhaitait renforcer ses propres restrictions après avoir constaté que plus de la moitié des nouveaux prêts hypothécaires n'étaient pas conformes à ses normes, qui ne sont pas contraignantes.

Ces normes prévoient notamment un acompte d'au moins 20 %, des frais de gestion ne dépassant pas 40 % des revenus d'un ménage et une durée maximale de 30 ans.

"Nous ne sommes pas en présence d'une bulle immobilière sur le point d'éclater", a déclaré à la presse Gottfried Haber, gouverneur adjoint de la banque centrale autrichienne.

"Mais nous avons une forte croissance des prix, une forte croissance des prêts et donc des risques systémiques qui ont augmenté ces derniers mois et que nous devons donc traiter de manière proactive."

Les pays qui reçoivent des recommandations du CERS doivent "agir ou expliquer" pourquoi ils ne l'ont pas fait, conformément aux règles de l'UE. L'organisme de surveillance ne peut toutefois pas imposer de sanctions.

La décision du CERS intervient alors que la Banque centrale européenne met un terme à ses achats massifs d'obligations et que l'on s'attend à ce qu'elle augmente ses taux d'intérêt après des années de relance agressive.

Les coûts d'emprunt extrêmement bas ont contribué à l'envolée des prix de l'immobilier dans les pays riches de la zone euro, en particulier dans les grandes villes.