Le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix, a prévenu mercredi que l'institution devrait "réduire drastiquement ses dépenses et diminuer ses actions de régulation" si son budget de fonctionnement n'est pas "sensiblement" relevé en 2018.

Le responsable, dont le mandat expire en 2017, a remarqué que l'AMF avait été déficitaire au cours des exercices 2014, 2015 et 2016 dans un contexte où l'autorité s'est vu confier de nouvelles missions. Disposant depuis trois ans d'un budget plafonné à 94 millions d'euros, l'AMF table sur un déficit d'environ 6 millions d'euros en 2017.

Le budget de l'AMF est notamment financé par des taxes affectées aux sociétés de gestion enregistrées auprès du régulateur et par des taxes sur les opérations financières. Le régulateur est soumis à un plafond de recettes de 94 millions d'euros qui le contraint à reverser les excédents à l'Etat. Ainsi, "l'AMF a reversé à l'Etat environ 37 millions d'euros en trois ans", a précisé Gérard Rameix, en marge des voeux qu'il a présentés à la presse mercredi.

"Les questions à trancher au niveau politique sont donc importantes: quel niveau de régulation souhaitons-nous? Devons-nous affaiblir un outil de régulation que nous avons mis des années à bâtir et dont le coût est moindre que celui de nos voisins?", s'est interrogé le responsable.

Le président de l'AMF s'est également demandé quel poids l'Etat comptait donner "à la voix de la France dans les négociations en Europe dès lors que le régulateur britannique va progressivement se retirer".

Gérard Rameix estime qu'un relèvement du plafond de recettes auquel est soumise l'AMF, qui pourrait porter sur "quelques millions d'euros" est "nécessaire" de façon à notamment garantir la mise à jour des outils informatiques employés par le régulateur et à envoyer "des experts à Bruxelles".

Alors que les prochaines négociations budgétaires entre l'Etat et l'AMF seront engagées au cours de l'été, le responsable a déclaré qu'il "n'exclu[ait] pas" d'interpeller les candidats à la présidentielle sur les difficultés budgétaires de l'autorité.

-Eric Chalmet, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 41 27 47 95; eric.chalmet@wsj.com ed: LBO