Genève (awp/ats) - Le procès du magnat des mines Beny Steinmetz s'est terminé lundi devant le Tribunal correctionnel de Genève avec les plaidoiries des avocats du milliardaire. Une nouvelle fois, la thèse de la corruption d'agents publics étrangers et de faux dans les titres a été balayée.

Après les avocats de la directrice administrative à Genève de sociétés liées au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) et de l'homme de terrain en Guinée, ceux du Franco-Israélien de 64 ans ont lancé les dernières salves contre l'accusation. Le procureur Claudio Mascotto, "un magistrat politique, de gauche", a mené une "instruction totalement inéquitable", a déclaré Marc Bonnant. Il a changé de juridiction depuis.

Selon l'acte d'accusation, BSGR aurait versé 10 millions de dollars de pots-de-vin entre 2006 et 2012 à Mamadie Touré, quatrième épouse du président guinéen Lansana Conté, pour l'obtention de droits sur des mines du Simandou. Au sixième jour du procès, Me Bonnant a répété que ce procès ne devrait pas avoir lieu en raison de l'absence des témoins-clés. La demande de report des débats avait été écartée par la cour.

"Qualité intrinsèque"

Pour l'avocat, "l'accusation a échoué à prouver factuellement la corruption". Les faits, qui datent de 2005, sont prescrits. lls ne peuvent pas être jugés à Genève, où était domicilié M. Steinmetz, alors qu'ils se seraient produits en Guinée, où son client ne s'est rendu qu'en 2008. Quant aux versements prétendument corruptifs, ils n'ont pas été effectués sur ses instructions, car il n'était que simple conseiller de BSGR.

"Si les droits miniers ont été attribués à BSGR, ce n'est pas en raison d'une quelconque influence, mais grâce à la qualité intrinsèque du projet", souligne Me Bonnant, qui relève que le groupe employait alors 10'000 personnes, dont des directeurs qualifiés. Et de rappeler que la justice guinéenne a déjà statué sur cette affaire, estimant qu'il n'y avait pas eu de corruption.

Les conditions de la corruption ne sont d'ailleurs pas remplies, a poursuivi Camille Haab. Mamadie Touré n'était ni un agent public ni l'épouse du président. Tous les versements de BSGR s'expliquent, et la plupart d'entre eux ont eu lieu après le décès de Lansana Conté. "Comment auraient-ils pu influencer sa décision?" a interrogé l'avocate. Peu avant sa mort, le président a transféré les droits du géant minier Rio Tinto sur des secteurs-clés à BSGR.

Acquittement demandé

Pour les avocats de M. Steinmetz, le tribunal n'a pas non plus la compétence de statuer sur la majorité des documents considérés comme des faux dans les titres, car ils ont été créés ou utilisés à l'étranger, a avancé Daniel Kinzer. Et la participation du milliardaire à la création des quatre documents restants n'est pas prouvée. En outre, certains documents ne sont ni des faux ni des titres.

Les pseudo-faux dans les titres ne servent qu'à "valider" "l'hypothèse de corruption" émise par le procureur dès 2013, dénonce Me Kinzer. Beny Steinmetz, contre lequel le Ministère public a requis cinq ans de prison, doit donc être acquitté. Le tribunal doit aussi rejeter la demande de confiscation de 50 millions de francs suisses.

Aucun des trois coaccusés n'a souhaité s'exprimer devant la cour à la fin de l'audience. Le Ministère public a requis quatre ans de prison à l'encontre de l'intermédiaire en Afrique et la confiscation de 11 millions de dollars et deux ans avec sursis à l'encontre de la directrice administrative et la confiscation de 150'000 dollars. Le Tribunal correctionnel rendra son verdict vendredi après-midi.

ats/rp