* Une délégation rebelle est arrivée à Addis-Abeba pour négocier

* Des combats se poursuivent autour de Bor

* Etat d'urgence dans les Etats du Jonglei et d'Unité

* Pressions américaines (Actualisé, état d'urgence dans les Etats du Jonglei et d'Unité)

par Carl Odera et Aaron Maasho

JUBA/ADDIS-ABEBA, 1er janvier (Reuters) - Une délégation des rebelles sud-soudanais est arrivée mercredi à Addis-Abeba où des négociations sur les modalités d'un cessez-le-feu dont le principe a été accepté devaient débuter dans la journée avec des représentants du gouvernement, rapportent les médiateurs internationaux.

En raison de la poursuite des combats, le président sud-soudanais Salva Kiir a décrété dans la soirée l'état d'urgence dans les Etats du Jonglei et d'Unité, annonce le gouvernement sur son compte Twitter.

Le maire de Bor, capitale de l'Etat oriental du Jonglei, avait auparavant annoncé que les insurgés fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar s'étaient emparés de la ville, située à 190 km au nord de Juba, la capitale fédérale.

Nhial Majak Nhial a expliqué à Reuters que les forces gouvernementales avaient opéré mardi "un repli stratégique" dans la caserne de Malual Chaat située à trois kilomètres au sud de Bor.

Le ministre sud-soudanais de la Défense, Kuol Manyang Juuk, a par la suite déclaré à Reuters que des combats se déroulaient à une vingtaine de kilomètres au sud de Bor.

"Je crains que les combats en cours à Bor ne fassent capoter l'ouverture de ces négociations", a déclaré le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, qui préside l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad).

L'organisation régionale à l'origine de la médiation avait annoncé mardi que le président Salva Kiir et Riek Machar avaient accepté le principe d'un cessez-le-feu après 15 jours de combats qui ont fait au moins un millier de morts.

PRÈS DE 200.000 DÉPLACÉS

"Nous ne voulons pas exposer le peuple du Soudan du Sud à une guerre insensée", a assuré sur Twitter le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Marial Benjamin.

Le conflit entre composantes Nuer et Dinka de l'armée, ethnies respectives de Riek Machar et de Salva Kiir, a éclaté le 15 décembre et menace de dégénérer en guerre civile.

Le Soudan du Sud, dont l'indépendance a été proclamée en juillet 2011, possède les troisièmes réserves pétrolières d'Afrique subsaharienne, selon BP, mais reste l'un des Etats les moins développés du continent.

Salva Kiir accuse l'ancien vice-président, qu'il a limogé en juillet, de chercher à prendre le pouvoir par la force, ce que l'intéressé nie tout en reconnaissant être à la tête du soulèvement. Les Etats-Unis, qui ont fait pression sur les deux camps pour les amener à négocier, ont haussé le ton mardi.

"Nous tiendrons les dirigeants pour responsables de la conduite de leurs forces et ferons en sorte qu'exactions et crimes de guerre ne restent pas impunis", a averti Caitlin Hayden, porte-parole de la Maison blanche.

Selon le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei, Riek Machar entendait prendre Bor afin d'entamer les négociations d'Addis-Abeba en position de force.

D'après Médecins Sans Frontières, 70.000 civils ont fui Bor pour chercher refuge à Awerial, dans l'Etat voisin des Lacs, et sont privés de nourriture, d'eau potable et d'abris.

"Les conditions de vie de ces populations sont catastrophiques", s'alarme l'ONG dans un communiqué.

Selon l'Onu, le conflit a fait 180.000 déplacés au total. (Avec Drazen Jorgic et Richard Lough à Nairobi, Jeff Mason à Honolulu; Pierre Sérisier, Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)