AJACCIO, 17 novembre (Reuters) - Plus de 2.000 personnes ont participé samedi à Ajaccio aux obsèques du président de la chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud, Jacques Nacer, dont l'assassinat mercredi a suscité une vague d'indignation dans l'île et sur le continent.

Une foule composée d'élus, de représentants de la vie économique, et d'anonymes a suivi le convoi funèbre qui est parti dans la matinée du domicile de Jacques Nacer, sur l'artère principale de la ville, pour rejoindre la cathédrale.

Tous les rideaux des commerces étaient baissés pour rendre hommage au président de la chambre consulaire assassiné mercredi en début de soirée dans son magasin, au coeur de la cité.

Le gouvernement, qui a dépêché dans l'île les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Manuel Valls et Christiane Taubira, quelques heures après le drame, a promis d'appliquer sans faiblir un plan contre la criminalité organisée et a demandé aux insulaires de l'aider.

Dans son homélie, le père Jean-Toussaint Micaletti a évoqué les 17 homicides perpétrés dans l'île depuis le début de l'année et invité les fidèles à un sursaut de citoyenneté, notamment lors d'une journée de prière mercredi prochain.

"Celui-ci est de trop", a-t-il dit. La manière dont sa mort est survenue est injuste. Chacun doit voir en l'autre un frère".

"On a parlé de sursaut de citoyenneté, je propose aux croyants, aux chrétiens et à tout homme de bonne volonté de venir à la cathédrale ce mercredi 21 novembre pour une journée de prière pour que cesse tous ces assassinats", a-t-il ajouté.

Brossant le portrait d'un "homme d'honneur et de coeur", le président du conseil général de la Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi (DVD), s'est adressé à la population et au gouvernement.

"A ses amis, je le dis : 'ne sombrez pas dans la violence'. A ses collaborateurs : 'ne baissez pas les bras'. A vous, M. le préfet, 'faites en sorte que ce drame soit résolu et que justice soit faite'", a-t-il déclaré.

Dépeignant une cité "tétanisée, blessée", le maire d'Ajaccio Simon Renucci (DVG) a jugé qu'un "symbole avait été foudroyé".

Pour le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, "la mafia est à l'oeuvre en Corse".

Manuel Valls a appelé de son côté les Corses à parler mais les élus locaux brocardent cette idée d'une supposée "omerta" comme un cliché et renvoient l'Etat à sa responsabilité. ( )

Le ministre de l'Intérieur a pressé vendredi l'ancien dirigeant nationaliste corse Alain Orsoni de "parler", quatre de ses proches, dont Jacques Nacer, ayant été assassinés depuis deux ans sur l'île.

Alain Orsoni est sorti du silence qu'il observait depuis le meurtre de l'avocat Antoine Sollacaro il y a un mois pour dénoncer dans les médias une "effrayante" campagne qui le désigne selon lui comme "la prochaine cible". (Roger Nicoli, édité par Gérard Bon)