TOKYO (awp/afp) - L'inflation a accéléré en octobre au Japon pour s'établir à 0,8% mais est restée poussive hors prix de l'énergie, en raison d'une consommation des ménages atone, malgré la bonne tenue du marché de l'emploi, selon des statistiques officielles publiées vendredi.

La hausse de 0,8% sur un an des prix à la consommation en octobre, hors produits frais, est conforme aux attentes des économistes du consensus Bloomberg. C'est sa plus forte progression de l'année pour l'instant, après avoir grimpé de 0,7% en septembre et en août.

Mais ce chiffre est trompeur car il a été essentiellement gonflé par la facture énergétique, qui a augmenté de 6,2% sur un an. Ainsi, en excluant également l'énergie, les prix à la consommation n'ont augmenté que de 0,2% en octobre, comme en septembre et en août.

L'inflation sous-jacente reste donc poussive, toujours loin de l'objectif de la Banque du Japon de la porter autour de 2% à l'horizon 2019/20 au plus tôt.

"Le rythme de l'inflation devrait rester sous 1% pour le moment", car l'effet de la hausse des prix de l'énergie devrait s'atténuer, et la reprise de la consommation des ménages "devrait prendre du temps en raison des faibles hausses de salaires" a estimé Taro Saito, économiste en chef du NLI Research Institute, basé à Tokyo, interrogé vendredi par l'AFP.

La consommation des ménages nippons a stagné en octobre sur un an (0%), après un déclin de 0,3% en septembre mais une progression de 0,6% en août, selon des données également publiées vendredi par le ministère japonais des Affaires intérieures.

Le marché de l'emploi au Japon est pourtant resté au beau fixe en octobre, avec un taux de chômage de 2,8%, son cinquième mois d'affilée à ce plus bas niveau depuis 1994.

L'écart entre les offres et les demandes d'emploi en octobre s'est même légèrement creusé par rapport à septembre, avec 155 offres d'emploi pour 100 demandes, un nouveau record depuis janvier 1974.

Mais cette pénurie de main-d'oeuvre reflète davantage le vieillissement croissant de la population dans un pays rétif à l'immigration, et la part encore importante des femmes au foyer, plutôt que d'être la conséquence directe de la croissance économique actuelle du pays, selon les observateurs.

Et le faible taux de chômage masque quant à lui la précarisation croissante des emplois au Japon, qui ne joue pas en faveur de l'amélioration des salaires.

"Dans son ensemble, l'économie japonaise reste inchangée (...). Elle est dans une bonne situation, mais avec une certaine faiblesse de la consommation", a encore commenté M. Saito.

Dans un tel contexte, la Banque du Japon "va probablement garder sa politique monétaire actuelle" alors que le mandat de son gouverneur, Haruhiko Kuroda, se terminera en avril prochain, a ajouté M. Saito.

A l'inverse des autres Banques centrales des grandes économies mondiales, la Banque du Japon maintient le cap d'une politique d'assouplissement monétaire très généreuse, pour stimuler les investissements et le crédit et en finir avec la déflation qui a miné l'économie japonaise pendant deux décennies.

afp/jh