MILAN, 4 avril (Reuters) - Les autorités italiennes ont fait savoir jeudi qu'elles avaient arrêté 22 personnes et saisi des actifs - villas et montres Rolex notamment - d'une valeur totale de plus de 600 millions d'euros dans le cadre d'une enquête sur une fraude présumée à des programmes italiens et européens de subventions.

Le groupe de suspects, qui opérait dans divers pays de l'Union européenne, avait mis en oeuvre des stratagèmes pour tirer illicitement profit du fonds de relance établi par l'UE en réponse à la crise sanitaire du COVID et de généreux programmes déployés par l'Italie pour favoriser la rénovation énergétique des logements, a déclaré la police financière de Venise.

Des appartements, villas, montres de la marque Rolex, produits du joaillier Cartier, voitures de luxe, cryptomonnaies et de l'or ont été saisis, a-t-elle indiqué, précisant que des perquisitions ont aussi été menées en Roumanie.

Trois personnes ont été arrêtées en Slovaquie, deux en Autriche et 17 à travers l'Italie.

Cette affaire est à même d'alimenter les craintes à propos des recours illicites aux programmes de subvention italiens et européens, perçus comme une aubaine par les fraudeurs.

Rome a reçu jusqu'à présent près de 102 milliards d'euros d'aides de l'UE liées à la pandémie de COVID, et plus de 90 milliards d'euros supplémentaires sont attendus d'ici 2026.

En parallèle, le gouvernement italien débourse des milliards d'euros pour inciter les propriétaires de logement à effectuer des rénovations énergétiques. L'un des programmes octroie aux propriétaires des aides représentant 110% des coûts des travaux.

D'après la police italienne, les suspects, dont l'identité n'a pas été communiquée, avaient élaboré des "systèmes sophistiqués de fraude", utilisant des sociétés écran pour présenter des projets factices et empocher ainsi des subventions publiques, avant de blanchir les fonds perçus par le biais de serveurs "cloud" situés dans des pays ne disposant pas d'accord de coopération avec les autorités italiennes.

L'enquête a été menée en collaboration avec le Bureau du procureur général européen (BPGE), lequel est chargé de lutter contre les crimes financiers au sein de l'UE.

Dans son rapport annuel, publié en février, le BPGE a indiqué qu'il avait l'an dernier 1.927 enquêtes en cours portant sur environ 19,2 milliards d'euros de fraude présumée. Plus de 600 enquêtes ont été ouvertes rien qu'en Italie. (Reportage d'Emilio Parodi; version française Jean Terzian, édité par Sophie Louet)