MILAN, 6 janvier (Reuters) - Plus de la moitié de la capitalisation du marché boursier italien est détenue par des investisseurs étrangers, signe de l'attrait exercé par la troisième économie de la zone euro au prix d'une perte de contrôle de certaines de ses entreprises les plus emblématiques.

Une étude de l'organisme professionnel Unimpresa montre que la valeur des investissements étrangers dans des sociétés cotées avait augmenté à 279 milliards d'euros en juin 2015, représentant 51,1% du total de leur valorisation totale, contre 44,3% un an auparavant. C'est la première fois que l'investissement étranger dépasse la barre des 50%.

Jusqu'à l'accession à la présidence du Conseil de Matteo Renzi, les gouvernements italiens voyaient d'un mauvais oeil l'arrivée des investisseurs étrangers dans les entreprises du pays. Matteo Renzi, au contraire, a fait savoir qu'il ne leur mettrait pas de bâton dans les roues.

Il s'est également engagé à moderniser l'économie dans son ensemble et à réformer une administration tatillonne, qui passait pour décourager l'investissement venu de l'extérieur.

C'est ainsi qu'en 2015, China National Chemical Corp a pris le contrôle du fabricant de pneumatiques Pirelli moyennant 7,3 milliards d'euros et que l'indien Mahindra a convenu de racheter le designer automobile Pininfarina.

On peut également citer le rachat de World Duty Free par son homologue suisse Dufry et l'offre du japonais Hitachi sur les actifs ferroviaires du groupe d'aéronautique et de défense Finmeccanica.

Cette vague d'acquisitions fait craindre une perte d'identité des produits italiens et aussi des suppressions d'emplois.

"Nous sommes inquiets. Ces géants financiers internationaux achètent souvent pour des motifs spéculatifs et non pas pour investir", a dit dans un communiqué Paolo Longobardi, le président d'Unimpresa.

Certaines des OPA de l'an passé sont venues réduire les avoirs des familles italiennes, qui dominaient jusqu'alors le paysage entrepreneurial italien mais qui ont du mal à tenir la distance dans un contexte de mondialisation des capitaux.

Dufry a ainsi acquis sa participation initiale dans World Duty Free auprès d'Edizione, holding de la famille Benetton, tandis qu'en décembre le conglomérat américain United Technologies a annoncé l'achat d'une participation de 70% dans Riello, une entreprise d'appareils de chauffage à structure familiale. (Agnieszka Flak, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)