JERUSALEM (Reuters) - Les autorités israéliennes ont confisqué mardi du matériel de diffusion appartenant à Associated Press (AP), avant de revenir plus tard dans la journée sur cette décision condamnée massivement par des groupes de presse et critiquée par les Etats-Unis, le principal allié de longue date d'Israël.

Le ministre israélien des Communications, Shlomo Karhi, a annoncé avoir demandé à ses services d'annuler la décision initiale et de rendre l'équipement confisqué à l'agence de presse américaine, accusée d'avoir violé une loi locale en fournissant des images en direct à la chaîne Al-Jazeera.

Il a ajouté dans un communiqué que le ministère israélien de la Défense s'était saisi du dossier et prendrait une décision définitive.

La chaîne de télévision Al-Jazeera a été interdite en Israël en vertu d'une loi, adoptée en avril, qui permet au gouvernement israélien d'ordonner aux groupes audiovisuels étrangers de cesser temporairement leurs opérations pour des motifs de sécurité nationale.

Dans un communiqué préalable, le ministère israélien des Communications a fait savoir que du matériel a été confisqué à AP dans la ville de Sderot, précisant que l'agence avait été informée la semaine dernière qu'il était interdit de fournir des images à Al-Jazeera mais qu'elle avait continué de le faire.

"La caméra confisquée diffusait illégalement des images du nord de la bande de Gaza en direct sur Al-Jazeera TV, dont des images de l'activité de l'armée israélienne, mettant en danger nos soldats", a dit le ministère dans le communiqué.

Décrivant un incident "préoccupant", la Maison blanche a indiqué être entrée en contact avec les autorités israéliennes pour que celles-ci revoient leur décision, notant le droit des journalistes à effecteur leur travail.

Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès des services du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

AP a déclaré dans un communiqué avoir reçu l'ordre de couper la diffusion en direct d'images montrant la bande de Gaza depuis la ville israélienne de Sderot. L'agence de presse a estimé que cette décision n'était pas basée sur le contenu mais relevait plutôt d'une "utilisation abusive par le gouvernement israélien de la nouvelle loi sur l'audiovisuel étranger".

Elle a assuré avoir respecté les règles militaires interdisant de montrer notamment les mouvements des soldats pouvant mettre ceux-ci en danger. Les images montrent la plupart du temps de la fumée se répandre dans le ciel de Gaza, a ajouté AP.

De même qu'AP, Reuters fournit à des clients à travers le monde, dont Al-Jazeera, des images en direct depuis des positions situées autour de la bande de Gaza.

Israël a fermé début mai les opérations dans le pays d'Al-Jazeera, citant des motifs de sécurité nationale, précisant que cette décision serait en vigueur tant que durera la guerre dans la bande de Gaza. Al-Jazeera a dénoncé cette mesure, décrivant comme un "mensonge dangereux et ridicule" l'accusation de menace pour la sécurité israélienne.

(James Mackenzie à Jérusalem, Steve Holland à bord d'Air Force One, Nandita Bose à Washington; version française Jean Terzian)