par Dan Williams

TEL AVIV, 18 janvier (Reuters) - Après des revers essuyés sur le terrain en Syrie, l'Etat islamique ou ses alliés pourraient s'en prendre à Israël et à la Jordanie, a déclaré lundi le chef d'état-major de l'armée israélienne, Gadi Eizenkot.

Tout en travaillant à consolider les zones conquises en Syrie et en Irak, le groupe fondamentaliste a, ces derniers mois, accru ses attaques à l'étranger et a également menacé publiquement certains pays, dont Israël.

L'intervention de la Russie dans le conflit syrien l'an dernier pour aider le président Bachar al Assad a permis de stopper l'avancée de l'EI, a souligné le général Gadi Eizenkot, mais avec une exception, la frontière syrienne sud-ouest, à la jonction avec Israël et la Jordanie.

"Les succès contre l'EIIL (l'EI, NDLR) augmentent la probabilité, à mes yeux, que nous le voyions tourner ses armes contre nous et contre les Jordaniens", a déclaré le chef d'état-major, lors d'une conférence organisée par l'Institute for International Security Studies de l'université de Tel Aviv.

L'EI n'est pas très présente dans la région de la frontière sud-ouest de la Syrie, mais l'un des groupes islamistes qui s'y trouve, la Brigade des martyrs de Yarmouk, est considéré par ses opposants comme lui étant lié.

Et un communiqué audio diffusé il y a trois semaines et attribué au chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al Baghdadi, a déclaré qu'Israël était une cible.

SOUTIEN DISCRET

La Jordanie, l'un des deux pays arabes avec l'Egypte, à avoir signé un traité de paix avec Israël, a largement été épargnée par les violences au Proche-Orient ces cinq dernières années, mais a dû faire face à un afflux massif de réfugiés venant de Syrie et d'Irak.

Amman bénéficie d'un soutien militaire discret des Etats-Unis et l'Israël, coopération rarement abordée en public.

Israël est restée officiellement en dehors de la guerre civile en Syrie tout en lançant de temps à autre des opérations de bombardement quand les autorités israéliennes soupçonnent des transferts d'armes avancées du gouvernement Assad à son allié libanais le Hezbollah.

Le Parti de Dieu, qui s'est opposé à Israël lors de la guerre du Liban en 2006, reste une menace importante et se trouve en position de recevoir un soutien accru de son mentor iranien maintenant que les sanctions internationales à son encontre sont levées, a déclaré le général Eizenkot.

Mas il a aussi laissé entendre que le Hezbollah n'ouvrirait pas sans réfléchir un nouveau front contre Israël, soulignant que le groupe chiite avait certes gagné de l'expérience en combattant contre les rebelles sunnites aux côtés des forces gouvernementales syriennes, mais qu'il avait aussi subi des pertes.

Quelque 1.300 combattants du Hezbollah ont été tués en Syrie et près de 5.000 blessés, sur un total de 20.000 hommes et 20.000 à 25.000 réservistes, a déclaré Gadi Eizenkot. (Danielle Rouquié pour le service français)