(Actualisé avec la mort de 50 activistes signalés par le gouvernement §9)

BAGDAD, 22 janvier (Reuters) - Le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, a jugé mercredi que le temps était venu de chasser les militants islamistes de la ville de Falloudja, à l'ouest de Bagdad.

Les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), appuyés par des miliciens sunnites locaux, ont pris le 1er janvier le contrôle de Falloudja, à 50 km de la capitale.

Les forces gouvernementales irakiennes encerclent cette ville de la province d'Anbar depuis plus de deux semaines mais le chiite Maliki a jusqu'ici tenté de trouver une solution négociée, pressant les tribus locales de convaincre les djihadistes de s'en aller.

Pendant plusieurs jours, il a dit vouloir épargner Falloudja, qui a connu des combats dévastateurs en 2004, mais les discussions n'ont pas abouti.

Les chefs locaux et dignitaires religieux de la ville ont désigné dimanche dernier un nouveau maire et un nouveau chef de la police mais l'EIIL a refusé de les reconnaître, n'ayant pas été convié aux discussions.

"La situation est critique et échappe à tout contrôle. Tout le monde est armé et une étincelle peut déclencher la guerre totale dans la ville", a déclaré un chef de tribu.

"Le temps est venu de régler ce problème, de mettre fin à la présence maléfique de cette bande dans la ville et de venir au secours de la population", a dit Nouri al Maliki mercredi lors de son allocution télévisée hebdomadaire. "Ces criminels cherchent à attiser les tensions entre les communautés et à diviser l'Irak", a ajouté le chef du gouvernement.

Trois heures plus tard, des hélicoptères de combat ont bombardé l'est et le nord de Falloudja, ont rapporté des habitants.

Le ministère de la Défense a pour sa part déclaré que l'aviation irakienne avait tué mardi plus de 50 activistes de diverses nationalités arabes et détruit de grandes quantités de munitions en bombardant des "rassemblements de groupes terroristes" dans la province d'Anbar, sans préciser exactement où.

Le Premier ministre est un chiite, communauté majoritaire dans le pays. Du temps de Saddam Hussein, c'étaient les sunnites minoritaires qui contrôlaient largement le pouvoir.

Les militants de l'EIIL, bien moins nombreux que les miliciens sunnites à Falloudja, ont assuré à plusieurs reprises qu'ils ne cherchaient pas à y imposer la charia, la loi islamique, mais voulaient simplement protéger la population face au "pouvoir chiite" de Bagdad.

Le groupe lié à Al Qaïda a pourtant diffusé la semaine dernière des tracts annonçant la création d'un "comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice", une initiative qui rappelle les tribunaux islamiques qui rendaient une justice impitoyable en 2005 et 2006, quand la ville était sous le contrôle d'extrémistes sunnites. (Ahmed Rasheed, Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français)