par Magdalena Mis

ROME, 18 juillet (Thomson Reuters Foundation) - L'expansion des terres agricoles est la principale cause de la déforestation dans le monde alors même qu'il est possible de nourrir l'humanité sans raser de nouvelles forêts, conclut un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié lundi.

Le déboisement est particulièrement rapide dans les régions tropicales, qui ont perdu sept millions d'hectares de forêts par an entre 2000 et 2010, d'après ce rapport.

Dans ces mêmes régions, la surface des terres agricoles a augmenté de six millions d'hectares chaque année durant la même période.

"Il y a toujours cette idée selon laquelle il est nécessaire de faire de la place pour les terres agricoles si l'on veut produire davantage de denrées alimentaires afin de nourrir une population en croissance", explique Eva Muller, directrice de la branche forêts à la FAO.

Mais il est possible de produire davantage de denrées sans conquérir de nouvelles terres, ajoute-t-elle dans un entretien donné à la Fondation Thomson Reuters.

Une vingtaine de pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ont réussi à inverser la tendance en modifiant le droit foncier, en améliorant la production agricole et en protégeant mieux les forêts, précise la FAO.

"L'investissement dans le secteur agricole fait beaucoup pour augmenter la productivité, grâce à la hausse des rendements plutôt qu'au défrichement de nouvelles terres réservées à l'agriculture", d'après Eva Muller.

Par ailleurs, les forêts jouent un rôle important pour les exploitants agricoles dans la mesure où elles ralentissent l'érosion, permettent de conserver les eaux dans les sols et réduisent les risques d'inondations, relève la FAO.

"Dans le passé, l'agriculture s'est attachée à produire de la nourriture et le secteur forestier avait d'autres préoccupations, si bien qu'ils ne se sont jamais parlé et que, parfois, leurs politiques se sont révélées contradictoires", déplore Eva Muller.

Selon l'Onu, le monde devra nourrir neuf milliards d'êtres humains en 2050, contre 7,4 milliards aujourd'hui. (Simon Carraud pour le service françaisn édité par Marc Angrand)