par Loucoumane Coulibaly

KORHOGO, Côte d'Ivoire, 9 juillet (Reuters) - Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui briguera un second mandat en 2015, a déclaré dans une interview à Reuters qu'il souhaitait améliorer le pouvoir d'achat des Ivoiriens en augmentant les salaires et en contrôlant les prix des denrées de première nécessité.

Alors que, selon lui, la croissance économique du pays devrait atteindre au moins 9% cette année, après 9,8% l'an dernier, de nombreux Ivoiriens se plaignent toujours de ne pas bénéficier au quotidien de ses retombées.

Alassane Ouattara a été élu président en novembre 2010 face au chef de l'Etat sortant, Laurent Gbagbo. Le refus de ce dernier de quitter le pouvoir a entraîné un conflit de quatre mois qui a fait environ 3.000 morts.

"Nous sommes en position de réaliser une croissance économique d'au moins 9% en 2013", a déclaré à Reuters le chef de l'Etat ivoirien, économiste de formation, qui a travaillé au Fonds monétaire international.

"Les signes observés au premier semestre montrent que la production de cacao est plus importante que prévu. Il en va de même pour la production de coton", a-t-il déclaré, ajoutant que la croissance était soutenue par une hausse des dépenses dans les infrastructures et par un rebond de l'investissement privé.

La solidité de la reprise post-guerre civile devrait par ailleurs aider la Côte d'Ivoire à solliciter un emprunt obligataire de 500 millions de dollars (390 millions d'euros) auprès des marchés d'ici octobre, a ajouté le président.

Le gouvernement prévoit également de dépenser près de 20 milliards de dollars (15,6 milliards d'euros) d'ici 2015 dans le cadre d'un vaste programme de développement.

RECONCILIATION

Alassane Ouattara justifie toutefois sa décision de briguer un nouveau mandat, annoncée la semaine dernière, par l'ampleur de la tâche qu'il reste à accomplir pour sortir l'économie ivoirienne de l'ornière.

"Si la situation était moins dégradée, croyez-moi, je ne serais pas content de briguer un second mandat. Mais la situation le nécessite."

Concernant la guerre civile de 2010-2011, il a estimé que le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo devait demander pardon aux familles des victimes pour les massacres et les viols commis pendant le conflit afin d'accélérer la réconciliation.

"La repentance ouvre la voix du pardon par les proches des victimes", a-t-il estimé.

L'ancien président Laurent Gbagbo, âgé de 68 ans et détenu à La Haye, est accusé de crimes contre l'humanité devant la Cour pénale internationale (CPI). On lui reproche notamment d'avoir plongé son pays dans la guerre civile pour avoir refusé de céder le pouvoir après l'élection présidentielle de 2010.

Début juin, la CPI a donné jusqu'au 15 novembre à l'accusation pour compléter son dossier dans le cadre du procès. (voir )

Alassane Ouattara a souligné que si la justice continuait à enquêter sur les violations commises pendant la guerre, ce processus pourrait prendre des années, tout en ajoutant que la justice devait pouvoir travailler à son rythme.

Il a reconnu par ailleurs que beaucoup de partisans de l'ancien président étaient en prison et a démenti que ses propres alliés bénéficiaient d'un traitement favorable.

"Il n'y aura pas d'impunité. Cette commission fera son travail peu importe qui est impliqué." (Daniel Flynn; Hélène Duvigneau pour le service français)