LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a promis mercredi de s'attaquer aux problèmes à ses yeux les plus urgents de Grande-Bretagne, de l'inflation à l'immigration clandestine, lors d'un discours destiné à rassurer sur sa capacité à porter le parti tory jusqu'aux prochaines élections législatives de 2024.

Cette déclaration d'intention, riche en objectifs ambitieux mais avare de détails, est avant tout une réponse aux critiques qui doutent que l'ancien analyste de Goldman Sachs, âgé de 42 ans, ait les reins assez solides pour conduire un Parti conservateur en crise à la victoire l'an prochain.

Rishi Sunak a pris ses fonctions à Downing Street fin octobre après le départ mouvementé de Boris Johnson en juillet puis l'éviction chaotique de Liz Truss qui lui avait succédé mais a dû renoncer à ses fonctions au bout de 44 jours en raison de la crise financière provoquée par un projet de budget mal ficelé.

Depuis, l'ancien ministre des Finances de Boris Johnson est confronté à une myriade de problèmes : des milliers de travailleurs britanniques se sont mis en grève pour réclamer de meilleurs salaires, le service national de santé (NHS) est à genoux, l'inflation est au plus haut depuis quarante ans et les économistes anticipent une longue récession de l'économie.

Lors de son discours à Londres, il a formulé cinq promesses, "cinq fondations pour bâtir un meilleur avenir pour nos enfants et petits-enfants" : abaisser de moitié l'inflation en 2023, renouer également avec la croissance en fin d'année, réduire la dette, diminuer les listes d'attente du NHS et faire cesser les traversées illégales de migrants dans la Manche.

"Ce sont les priorités du peuple. Ce sont les priorités de votre gouvernement", a martelé le Premier ministre britannique.

AMÉLIORER L'ÉDUCATION

Certains de ses objectifs paraissent faciles à atteindre, à commencer par l'inflation qui devrait décroître naturellement.

Relancer l'activité s'annonce un pari plus périlleux : l'OBR (Office pour la responsabilité budgétaire), l'organisme indépendant chargé de la surveillance des finances publiques et des prévisions macro-économiques, a estimé le mois dernier que l'activité économique ne retrouverait qu'à la fin de l'an prochain son niveau de la fin 2019, avant la pandémie de Covid.

Concernant la dette, les projections de l'OBR anticipent une hausse dans les années à venir, que ce soit en termes absolus ou de pourcentage du produit intérieur brut.

La réduction des listes d'attente pour obtenir des rendez-vous médicaux au NHS s'annonce tout aussi compliquée à obtenir que celle des arrivées clandestines de migrants, qui dépend également de la bonne volonté des autorités françaises.

A plus long terme, Rishi Sunak a dit vouloir améliorer l'éducation, notamment l'apprentissage des mathématiques, en s'employant à gommer son image de jeune homme fortuné, marié à la fille d'un milliardaire indien, incapable d'empathie pour le sort de nombreux travailleurs britanniques.

"Toutes les opportunités que j'ai eues dans la vie, je le dois à l'éducation que j'ai eu la chance de recevoir", a-t-il dit.

Au sein même du Parti conservateur, des responsables craignent que Rishi Sunak soit avant tout perçu comme un manager dépourvu de vision et le voient mal empêcher le Parti travailliste de reprendre le pouvoir aux élections de 2024.

Alors que le gouvernement fait la sourde oreille aux revendications des grévistes qui réclament depuis des semaines de meilleurs salaires et conditions de travail, Rishi Sunak a dit vouloir répondre à la "désinformation" à ce sujet, assurant que l'exécutif tenait énormément en estime les employés du secteur public comme les infirmières. Il a promis une annonce du gouvernement dans les prochains jours sur les prochaines étapes.

Ministres et députés pressaient depuis des semaines le nouveau Premier ministre de dévoiler ses plans pour sortir la Grande-Bretagne de la crise qu'elle traverse.

"Aucun loup, aucune ambiguïté. Ou nous aurons des résultats, ou nous n'en aurons pas. Je vous demande de nous juger sur l'effort que nous déployons et les résultats que nous obtenons", a répondu Rishi Sunak mercredi.

(Version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)

par Elizabeth Piper et Andy Bruce