Le directeur du Bureau européen du Biodiesel (EBB), qui regroupe 75% des producteurs et près de 80% de la production européenne de biocarburants, a également déclaré jeudi que l'EBB "travaillait activement" à ce que les procédures d'urgence de l'Union européenne soient appliquées.

Une telle mesure signifierait que toutes les taxes anti-dumping qui pourraient être imposées à l'Argentine et à l'Indonésie s'appliqueraient de manière rétroactive.

"Les prix du soja, la matière première de base, sont plus élevés en Europe que le biogazole importé d'Indonésie et d'Argentine", a fait valoir jeudi le secrétaire général de l'EBB, Raffaello Garofalo. "C'est comme si on disait que l'acier coûte plus cher qu'une voiture. Il n'y a pas de concurrence possible."

La Commission européenne (CE) a publié dans son journal officiel la plainte selon laquelle le biocarburant argentin et indonésien est vendu trop peu cher et "porte de ce fait préjudice à l'industrie de l'Union".

Selon le droit européen, la CE peut ordonner aux autorités douanières d'imposer des taxes à condition qu'une plainte déposée par un organisme professionnel soit jugée valide et en concertation avec les Etats membres.

TENSIONS COMMERCIALES

L'EBB a précisé dans un communiqué que les importations de biogazoles argentin et indonésien ont fortement augmenté, provoquant la faillite de plusieurs producteurs européens et contraignant les autres à vendre en dessous du coût de revient tout en réduisant leur production.

Très faibles en 2008, les importations en provenance de ces deux pays ont atteint 2,5 millions de tonnes en 2011, soit plus de 90% de l'ensemble des importations de biocarburants de l'UE, selon des estimations d'Eurostat et de l'EBB.

La plainte de l'EBB est la dernière initiative en date visant à protéger l'industrie européenne des énergies renouvelables, ce qui ne va pas sans provoquer des tensions avec les partenaires commerciaux de l'UE.

En 2008, la CE avait ouvert une enquête anti-dumping et anti-subvention contre le biogazole en provenance des Etats-Unis, auquel elle avait finalement imposé des taxes anti-dumping, ouvrant la voie à ses concurrents argentin et indonésien.

L'EBB a précisé jeudi qu'elle envisageait aussi de porter plainte contre les subventions que ces deux pays accorderaient à leur industrie du biocarburant.

"Il ne serait pas étonnant que, comme cela avait été le cas pour le biogazole américain, une enquête anti-subvention soit ouverte deux mois après (celle pour dumping)", a commenté Vasiliki Avgoustidi, directeur associé de Berwin Leighton Paisner à Bruxelles.

Tangi Salaün pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat

par Barbara Lewis