par Véronique Tison

Publié mercredi, l'indicateur du moral des ménages français calculé par l'Insee a enregistré une remontée inattendue en janvier, à -41 contre -44 en décembre. Son meilleur niveau depuis le mois d'avril, alors que les économistes le prévoyaient à -45 en moyenne.

Cette annonce a coïncidé avec la publication, en Allemagne, d'un indice GfK du sentiment du consommateur stable à 2,2 pour le mois de février, là encore supérieur au consensus (2,0).

La veille, l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne avait surpris en ressortant en hausse à 83,0 pour le mois de janvier, contre 82,7 en décembre et 81,3 attendu.

L'indice équivalent de l'Insee avait lui aussi étonné la semaine dernière en étant stable à 73 quand les économistes prévoyaient une nouvelle dégradation à 70.

Bien sûr, ces indicateurs restent à des niveaux très bas, voire historiquement bas pour le climat des affaires en France. Il n'empêche, leur stabilisation après des mois de dégringolade apporte une lueur d'espoir : le mouvement de baisse est-il enrayé ?

"Ce qui est certain, c'est que le quatrième trimestre a été catastrophique", répond Laurent Bilke, économiste chez Nomura à Londres. "Est-ce que ça continuera comme ça dans les trimestres à venir ? Je pense que non. On restera en période de récession pour quelques trimestres vraisemblablement, au moins jusqu'au milieu de l'année, mais les choses devraient s'améliorer un tout petit peu."

LE POUVOIR D'ACHAT AUGMENTE

Le produit intérieur brut, d'après lui, s'est contracté de 1,2% en France sur les trois derniers mois de 2008 et de 1,5% dans l'ensemble de la zone euro sous l'effet d'une "conjonction de facteurs exceptionnelle" : l'effet retardé du choc sur les matières premières qui a comprimé très fortement les marges dans le secteur manufacturier et qui est passé dans l'ensemble de la chaîne de production.

Mais aussi la crise financière qui a atteint son paroxysme après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en septembre, la crise bancaire et le ralentissement aux Etats-Unis qui commençait à se diffuser dans les autres économies.

Confrontées à la chute de la demande, les entreprises ont dû rapidement ajuster à la baisse leurs stocks, amplifiant le mouvement.

Pour Laurent Bilke, des facteurs positifs apparaissent maintenant. Le déstockage des entreprises arrive à son terme tandis que les prix des matières premières se sont inversés, apportant du pouvoir d'achat aux ménages.

"Le pouvoir d'achat va augmenter à court terme du fait du ralentissement de l'inflation alors que la dégradation du marché du travail n'a pas vraiment fait sentir tous ses effets sur les salaires," observe-t-il.

"A court terme, tout cela est cohérent avec une amélioration de la consommation, d'autant qu'il faut garder à l'esprit que la situation des ménages en France et en Allemagne n'est tout de même pas aussi difficile qu'elle ne l'est au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis", ajoute-t-il.

Mais l'économiste de Nomura reste prudent. La montée du chômage, prédit-il, durera bien au-delà de la fin de la récession et la distribution du crédit, paralysée pendant la crise financière de l'automne, restera difficile pendant toute l'année sinon plus.

"Le signal un peu positif qu'on a eu est à confirmer," dit-il en notant que la confiance des entreprises italiennes, également publiée mercredi, a touché un plus bas record en janvier.

Gernot Nerb, l'un des économistes de l'Ifo, estimait mardi qu'il faudrait que le climat des affaires en Allemagne s'améliore pendant trois mois consécutivement pour dénoter un changement de tendance.

"On n'est pas du tout sorti d'affaire, mais ce n'est pas une hypothèse déraisonnable que de penser que la contraction de l'activité sera un peu moins forte dans les deux trimestres qui viennent," conclut Laurent Bilke.

Edité par Sophie Louet