Bombay (awp/afp) - Le gouverneur de la banque centrale indienne (RBI), Raghuram Rajan, a annoncé mardi qu'il maintenait les taux inchangés, décision largement anticipée, et a répondu par une pirouette aux spéculations sur son avenir à la tête de l'institution.

La presse indienne foisonne de conjectures sur son renouvellement à la tête de la RBI, son premier mandat de trois ans s'achevant début septembre.

"Ce serait cruel pour moi de gâcher ce divertissement dont profite la presse", a dit Rajan à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire de la RBI à Bombay.

"Dans tous les cas, cette décision sera prise après discussion entre le gouvernement et le titulaire du poste. Je suis sûr que vous serez tenu au courant quand il y aura du nouveau", a-t-il ajouté, lisant un texte préparé.

Rajan, célèbre pour avoir anticipé la crise financière de 2008, jouit d'une forte popularité en Inde où il est souvent surnommé la "Rockstar Rajan" , un quotidien le comparant même à James Bond.

L'ancien chef économiste du FMI est largement crédité de la stabilisation de l'économie indienne depuis son arrivée à la tête de la RBI en septembre 2013.

Mais il a eu un différend marqué avec le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi sur le calendrier de baisse des taux, réclamée très tôt par les autorités, ce qui a alimenté les spéculations sur son avenir. La décision ne devrait pas intervenir avant août.

Mardi, la RBI a maintenu son principal taux au plus bas depuis cinq ans à 6,5%, disant craindre une reprise de l'inflation avant les pluies de mousson. Cette décision avait été anticipée par les 44 économistes interrogés par Bloomberg.

L'inflation a fait un bond en avril, la hausse des prix à la consommation atteignant 5,4% sur un an en raison du renchérissement des prix de l'alimentation, ce qui a pris par surprise les économistes.

"La surprise sur l'inflation en avril rend la trajectoire future de l'inflation plus incertaine", a dit Rajan dans un communiqué.

Le gouverneur, qui s'est fixé comme objectif premier de lutter contre l'inflation - un fléau pour les dizaines de millions d'Indiens pauvres - vise une hausse de 5% maximum à l'horizon mars 2017.

La mousson, qui doit toucher l'Inde d'ici quelques jours, est cruciale pour les prix à la consommation, son impact étant déterminant pour les récoltes.

Rajan a confirmé que la RBI n'agirait sur les taux qu'une fois connu les répercussions de la mousson sur l'inflation.

afp/rp