* Près d'un million de personnes évacuées dans l'est du pays

* Quinze personnes ont été tuées selon un bilan encore provisoire

* Le cyclone devrait disparaître dans les trente-six heures (Bilan actualisé)

par Sruthi Gottipati et Jatindra Dash

BHUBANESWAR, Inde, 13 octobre (Reuters) - L'évacuation de près d'un million de personnes a permis de sauver de très nombreuses vies sur la côte est de l'Inde, balayée dans la nuit de samedi à dimanche par un cyclone d'une violence sans précédent depuis quatorze ans.

Phailin, qui était accompagné de vents soufflant à 200 km/h, a perdu de son intensité en abordant le littoral du golfe du Bengale et devrait se dissiper dans les trente-six heures.

Les autorités de l'Etat d'Odisha, secteur le plus touché par les intempéries, font état de quinze morts. La plupart des victimes ont été tuées par des arbres déracinés, une a été ensevelie sous un mur de sa maison de pisé.

Ce bilan est sans commune mesure avec celui de 1999. Un cyclone comparable à Phailin avait alors fait 10.000 morts dans l'Etat d'Odisha. La construction de milliers d'abris, un système d'alerte et d'évacuation plus efficace permettent désormais de faire face plus efficacement à ce type de catastrophes.

Dans les Etats d'Odisha et d'Andhra Pradesh, 873.000 personnes ont passé la nuit dans ces abris. D'autres se sont rassemblées dans des temples ou des écoles. Les autorités parlent de la plus vaste opération d'évacuation de l'histoire de l'Inde. La plupart des localités côtières ont été désertées.

Dans certains cas, la police a procédé à des évacuations forcées. "De nombreuses personnes refusaient de partir, il a fallu les convaincre et à plusieurs reprises la police a dû les évacuer de force vers des abris plus sûrs", déclarait samedi le ministre indien de l'Intérieur, Sushilkumar Shinde.

PRISE DE CONSCIENCE

Les congés de la Dussehra, une fête hindoue, avaient en outre été suspendus dans la fonction publique. Des équipes de secours munies de matériel lourd, d'hélicoptères et des bateaux ont par ailleurs été déployées.

"Le cyclone de 1999 a marqué une véritable prise de conscience en Inde. C'était un moment d'intense croissance économique et l'Inde était considérée comme un pays au développement rapide. C'était embarrassant de la voir ne pas prendre soin de son peuple, malgré tout ce développement", a souligné Unni Krishnan, responsable des secours pour l'organisation Plan International.

Phailin a toutefois fait de très importants dégâts sur la côte, où champs dévastés, lignes électriques à terre et pylônes abattus sont légions. Des grues ont été acheminées dans certains villages pour dégager les arbres tombés sur les habitations.

Selon un bilan provisoire de la Croix-Rouge, 235.000 maisons de pisé ont été détruites rien que dans le district de Ganjam.

Les organisations humanitaires s'inquiètent désormais pour la sécurité sanitaire des déplacés, qui sont donc près d'un million.

"Ils ne peuvent pas rester longtemps dans les abris surpeuplés et les problèmes sanitaires vont s'aggraver avec la diarrhée et la dysenterie, en particulier pour les enfants", a souligné Mangla Mohanty, responsable de la Croix-Rouge dans l'Etat d'Odisha. (Jean-Philippe Lefief, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)