Bad Neuenahr-Ahrweiler (awp/afp) - Les inondations dramatiques des 14 et 15 juillet 2021 en Europe ont fait plus de 220 morts, affectant principalement l'Allemagne et la Belgique, mais aussi les Pays-Bas, l'Autriche et la Suisse. Retour sur une des pires catastrophes des dernières décennies.

Bilan destructeur

Après deux jours de pluies diluviennes, des masses d'eau sorties des rivières ont dévasté des communes entières. Arbres, voitures, routes, maisons, les flots ont tout emporté sur leur passage.

L'ouest de l'Allemagne, dans les Länder de Rhénanie du Nord-Westphalie et Rhénanie-Palatinat, paie le plus lourd tribut, avec respectivement 49 et 135 victimes. Une personne est décédée en Bavière. Plus de 800 personnes ont été blessées.

L'ampleur des destructions autour de métropoles prospères comme Bonn, Dortmund, Essen, est un choc.

Le bilan, non définitif, des dégâts en Allemagne est chiffré à plus de 30 milliards d'euros. Les inondations ont détruit de nombreuses voies ferrées, routes, ponts, pylônes de téléphonie mobile et, dans de nombreux endroits, l'approvisionnement en gaz, en électricité et en eau.

Les deux régions comptent plus de 85.000 personnes ou foyers sinistrés et quelques 10.000 entreprises touchées.

Dans l'est de la Belgique, les inondations ont fait 39 morts. La région wallone est particulièrement affectée avec quelque 100.000 personnes sinistrées et près de 48.000 bâtiments touchés.

Intempéries et climat

Entre le 12 et le 15 juillet 2021, des pluies diluviennes ont touché ces régions.

En 24 heures, la vallée allemande de l'Ahr a reçu plus de 90 litres d'eau par mètre carré alors qu'elle ne reçoit en moyenne que 70 litres pour tout le mois de juillet.

Des précipitations de cette ampleur ne s'étaient pas produites en Allemagne depuis le début des relevés météorologiques.

Après un printemps très arrosé, la pluie est tombée sur un sol déjà saturé. D'autres facteurs locaux ont aggravé les choses : des vallées fluviales étroites avec des pentes abruptes et des sols constitués d'ardoise, comme autour de l'Ahr, coutumière des inondations ; l'imperméabilité des sols en raison de constructions ou d'aménagements agricoles qui empêchent l'eau de s'écouler.

Les experts ont largement souligné le rôle joué par le réchauffement climatique d'origine humaine qui accentue les phénomènes météorologiques extrêmes. Une atmosphère plus chaude peut absorber plus d'eau, ce qui permet à de plus grandes quantités d'eau de tomber en moins de temps.

Un mois après les inondations, une étude scientifique internationale s'appuyant sur des modèles statistiques a fait le lien entre cette catastrophe et le réchauffement : dans la vaste zone inondée, de la Belgique à la Suisse, les scientifiques ont pu déterminer que la quantité maximale de précipitations avait augmenté de 3 à 19 % en raison du changement climatique.

Il faut également s'attendre, selon ces chercheurs, à ce que de tels épisodes de fortes pluies se produisent beaucoup plus fréquemment dans toute la région.

Défaut d'alerte

Pourquoi le 14 juillet, les communes menacées n'ont-elles pas été prévenues et évacuées plus tôt ? La question taraude l'Allemagne depuis un an et de nombreuses défaillances dans le système de prévention et d'alerte ont été relevées.

Dès le 8 juillet - six jours avant la catastrophe - le système européen d'alerte aux crues avait prédit une forte probabilité d'inondation.

Le service météorologique allemand et la protection civile avaient aussi émis des avertissements, mais ceux-ci n'ont semble-t-il pas été suffisamment relayés.

La population "a eu l'impression qu'il s'agissait de grosses pluies" mais "leur ampleur n'a pas été communiquée" assez clairement, avait estimé un responsable allemand après les crues.

Une enquête judiciaire a été ouverte pour "homicide par négligence" visant notamment le chef de l'arrondissement d'Ahrweiler (ouest).

Parmi les pistes pour améliorer la prévention, le gouvernement allemand entend désormais autoriser l'envoi d'alertes par téléphone, un mécanisme appelé "Cell Broadcasting".

Ressemblant à un SMS, cette alerte est envoyée sur le téléphone mobile des personnes situées en zone à risque. A la différence des SMS, ces messages envoyés par diffusion cellulaire arrivent même si le réseau est surchargé ou perturbé.

L'Allemagne compte également réinstaurer un système de prévention par sirènes dont beaucoup avaient été démantelées ces dernières années, faute d'entretien.

afp/al