* Un accord emploi positif pour les investisseurs et les agences

* La France et la zone euro en récession en 2013

* Un déficit public attendu à 3,6%-3,7% du PIB cette année

PARIS, 14 janvier (Reuters) - Le gouvernement doit mettre en oeuvre l'accord sur l'emploi le plus rapidement possible et négocier un report des objectifs de réduction des déficits publics dans la zone euro, a estimé lundi l'économiste de Citi chargé de la zone euro, Guillaume Menuet.

L'accord sur le marché du travail est positif pour la perception de la France par les investisseurs étrangers et pour sa note souveraine mais il ne permettra pas de faire reculer le chômage tant que la croissance fait défaut, a-t-il expliqué lors d'un entretien avec Reuters.

"Le gouvernement doit amener la réforme du marché du travail devant le Parlement de façon urgente pour essayer de bénéficier du meilleur climat politique aujourd'hui", lié au succès de la négociation et à l'opération en cours au Mali, a-t-il dit.

Le projet de loi issu de l'accord conclu vendredi entre le patronat et trois syndicats doit être présenté lors du premier conseil des ministres de mars et être examiné début avril par l'Assemblée nationale selon la procédure d'urgence.

"C'est prévu pour mars mais il faudrait essayer de l'amener un peu plus vite", a ajouté Guillaume Menuet, en souhaitant que le gouvernement "limite la durée de débat au Parlement le plus possible pour essayer que l'accord passe quasiment inchangé".

L'accord, qui allie une plus grande sécurisation de l'emploi et une souplesse accrue du marché du travail, permettra selon lui de diminuer la hausse du taux de chômage et de le stabiliser sur 2013-2014, mais pas de le faire baisser dans l'immédiat.

POSITIF POUR LES INVESTISSEURS ET LES AGENCES

"Cet accord est très positif au niveau de la visibilité qu'a ce gouvernement pour les investisseurs institutionnels", a-t-il ajouté. "C'est important pour le 'rating'. Pour les agences de notation, aujourd'hui, peut-être qu'un des facteurs qui auraient amené à une mise sous surveillance négative est parti".

Les trois plus grandes agences de notation ont une perspective négative sur la note qu'elles accordent à la France : AA+ pour Standard & Poor's, Aa1 pour Moody's et AAA pour Fitch. (voir ANALYSE )

"La deuxième priorité est de négocier au niveau européen pour essayer d'assouplir les conditions d'ajustement budgétaire et d'obtenir une unanimité pour donner à tous les pays européens au moins un an de plus pour rentrer dans les clous", a ajouté Guillaume Menuet.

Citi prévoit que l'économie de la zone euro se contractera de 0,7% cette année, après -0,4% en 2012. En France, la banque attend un recul de 0,2% du PIB en 2013, après +0,1% en 2012.

Dans ces conditions, réduire comme prévu le déficit public français à 3,0% du PIB fin 2013 "est impossible", a estimé Guillaume Menuet, qui table sur 3,6-3,7%. Et obtenir un délai pour y parvenir ne va pas de soi.

La France devrait pour ce faire être en récession, ce que prévoit Citi mais pas la Commission européenne.

"Si la Commission ne révise pas à la baisse ses prévisions de croissance, la France théoriquement ne devrait pas bénéficier d'une année supplémentaire" et rester sous procédure de déficit excessif, a-t-il dit.

Citi estime que l'écart de taux entre la dette publique française et allemande, le "spread", devrait s'écarter cette année, en raison d'une demande plus faible pour la dette française de la part de l'Asie, "mais l'appétit pour la dette est toujours là", a souligné Guillaume Menuet. (Jean-Baptiste Vey et Leigh Thomas, édité par Marc Joanny)