"Les taux des obligations d'Etat allemandes et américaines à 10 ans ont continué à se replier au cours de ces dernières semaines en raison d'un mouvement massif de fuite vers la qualité de la part des investisseurs, qui recherchent des placements liquides et sûrs. Les taux à 10 ans ont atteint leurs planchers historiques tant en Allemagne qu'aux Etats-Unis. Les taux à 2 ans des deux pays sont désormais proches de 0%. Le marché indique ainsi qu'il s'attend à ce que la BCE abaisse les taux", note ING IM.

"Selon nous, la banque centrale n'abaissera les taux que si la situation économique subit une nouvelle détérioration marquée. Nous tablons sur un maintien des taux au niveau actuel de 1,5% cette année et probablement l'année prochaine aussi."

"Le ralentissement de la croissance économique et la forte aversion au risque résultant de la crise de la dette européenne ont longtemps justifié notre position positive pour les obligations d'Etat au rating AAA. Toutefois, alors que les taux allemands et américains à 10 ans se situent entre 1,7 et 2%, cette position positive ne se justifie plus sur la base des valorisations, même si notre scénario central était celui d'une récession."

"Si l'aversion au risque continue à croître dans le cadre d'une faillite désordonnée de la Grèce entraînant une crise systémique, cela n'empêchera pas les cours des obligations d'Etat d'augmenter. Nous pensons que les risques et les rendements sont désormais plus ou moins équilibrés sur ces marchés. Dans le passé, la multiplication des tensions sur les marchés financiers ont souvent entraîné une intervention musclée des pouvoirs publics."

"Selon nous, le risque d'une hausse des taux n'est dès lors plus nécessairement plus faible que le risque d'une poursuite de leur baisse au cours des prochains mois. Nous sommes par conséquent passés d'une position positive à une position neutre pour les obligations d'Etat au rating AAA (Allemagne, Etats-Unis)."

"Pour l'ensemble des obligations offrant une prime de risque par rapport au papier d'Etat américain (ou allemand), nous sommes légèrement négatifs. Plusieurs événements sont susceptibles d'entraîner un risque accru de crise systémique au cours des prochaines semaines, comme l'approbation, ou non, de la prochaine tranche d'aide d'urgence à la Grèce et la ratification par les parlements nationaux des modifications du FESF. En outre, les indicateurs économiques ne semblent pas encore indiquer que le cycle économique a dépassé son creux."

"Au sein des segments obligataires risqués, nous sommes légèrement moins négatifs pour les obligations d'entreprises investment grade. Le net recul des obligations émises par les institutions financières européennes (qui représentent une bonne part du benchmark) au cours de ces dernières semaines a rendu cette classe d'actifs plus attrayante en termes de valorisation par rapport aux autres obligations risquées."

"Nous demeurons positifs pour les obligations des marchés émergents en monnaies fortes, qui font preuve d'une bonne résistance, mais nous sommes un peu plus prudents pour les obligations libellées en devises locales. Ceci est imputable au risque accru de sorties de capitaux et d'erreurs en matière de politique économique. La banque centrale du Brésil a, par exemple, récemment abaissé ses taux, ce que nous considérons comme risqué car l'inflation reste trop élevée. Ceci est également de nature à peser largement sur la devise. Des chiffres récents montrent que l'inflation des marchés émergents est plus tenace qu'anticipé."