Zurich (awp) - L'opérateur de transport combiné Hupac a souffert en 2022 des limitations de capacité en Allemagne, qui s'est traduite par une légère baisse des volumes et subséquemment des recettes, même si cela n'a pas empêché l'entreprise de boucler l'exercice dans le vert.

L'an dernier, Hupac a traité un peu plus de 1,1 million d'envois routiers, soit 1,8% de moins qu'en 2021. Après une entame d'année positive, le trafic a été fortement entravé par l'intense activité de construction sur l'axe Rhin-Alpes, avec des restrictions de capacité jusqu'à 20% pour raisons opérationnelles, signale le groupe tessinois jeudi dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires s'est contracté de 2,1% à 668,5 millions de francs suisses, alors que le bénéfice net a fondu de plus d'un tiers (-38,8%) pour s'établir à 7,6 millions, un résultat qualifié de "satisfaisant". Du fait de la reprise post-Covid, les investissements se sont vigoureusement redressés et ont atteint 84,3 millions pendant l'année sous revue, près du triple de l'enveloppe de 2021.

Le renchérissement des coûts de l'énergie, qui met sous pression des activités industrielles comme la sidérurgie, la chimie et le papier, affecte également le transport combiné. A cela s'ajoute une hausse du prix du transport ferroviaire, ce qui se traduit par un "transfert significatif" du rail vers la route, assure Hupac, qui signale une diminution de 10-15% en rythme annuel de janvier à avril 2023.

Cocktail toxique

"La combinaison de facteurs négatifs tels que la baisse du trafic due à la situation économique, les coûts ferroviaires élevés, la baisse des tarifs du transport routier et l'instabilité chronique du réseau ferroviaire constitue un risque réel pour le transfert modal", a prévenu en conférence de presse le président du conseil d'administration Hans-Jörg Bertschi.

Il déplore l'absence d'amélioration de l'infrastructure ferroviaire internationale, malgré la baisse significative du volume du transport combiné en Europe au cours du premier trimestre, ce qui se traduit par des trains annulés ou retardés de plusieurs jours.

Au cours des dernières années, la ponctualité s'est fortement détériorée: la part des trains Hupac arrivant avec un maximum d'une heure de retard est passé de 75% en 2016 à 51% en 2022. Sur la même période, la durée moyenne de retard pour les convois transalpins a presque doublé pour atteindre 9 heures, a précisé M. Bertschi.

La situation des infrastructures ferroviaires outre-Rhin ne devrait pas s'améliorer de sitôt. "Jusqu'en 2030, des tronçons importants seront fermés pendant plusieurs mois par année en Allemagne pour des travaux d'assainissement du réseau", a souligné le président de Hupac.

Le directeur général (CEO) Michail Stahlhut a évoqué de nombreux "points chauds" entre Bâle et Cologne, signalant qu'entre avril et août, pas moins d'une cinquantaine d'itinéraires alternatifs avaient été utilisés pour relier Rotterdam à Milan.

Regard tourné vers le sud

Dans ce contexte, l'opérateur basé à Chiasso mise sur son nouveau terminal de Milan Smistamento, dont la mise en service est attendue pour 2026, et qui représente à lui seul un volume d'investissement de 110 millions d'euros d'investissement, auquel la Confédération devrait contribuer à hauteur de 66 millions de francs suisses.

D'une capacité de 390'000 unités de transport par année, le futur site est appelé à devenir la principale plateforme logistique d'approvisionnement depuis les ports du sud de l'Europe. A l'horizon 2030, Hupac prévoit d'investir près d'un demi-milliard d'euros pour une capacité supplémentaire de 1,3 million d'unités, a ajouté M. Baertschi.

Le développement du transport maritime dans le nord de l'Italie traduit également une tendance à la relocalisation (reshoring) d'activités industrielles dans le bassin méditerranéen. Le marché espagnol présente également un important potentiel de croissance du trafic, notamment à partir du hub de Barcelone, a fait valoir M. Stahlhut.

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