(Actualisé avec citations, réactions, contexte)

par Daniela Desantis et Hilary Burke

ASUNCION, 21 avril (Reuters) - Horacio Cartes a été élu dimanche à la présidence du Paraguay, où le puissant parti de centre droit Colorado revient aux affaires après la brève parenthèse de gauche qui s'est achevée l'année dernière avec la destitution de Fernando Lugo.

Ce nouveau venu en politique qui a reconnu n'avoir jamais voté avant d'intégrer la formation, il y a quatre ans, s'est imposé avec 46% des voix, soit six points de plus qu'Efrain Alegre, du Parti libéral au pouvoir.

Dans les rues d'Asuncion, plusieurs milliers de militants du Colorado ont célébré bruyamment le retour au pouvoir du mouvement, dont le règne entamé 60 ans plus tôt a été interrompu en 2008.

Horacio Cartes s'est engagé à réformer ce parti réputé corrompu, dont le dictateur Alfredo Stroessner, au pouvoir de 1954 à 1989, était issu.

"Mes jambes tremblent quand je pense à l'énorme et formidable responsabilité d'être président de tous les Paraguayens. Que ceux qui n'ont pas voté pour nous sachent que je ne ménagerai pas mes efforts pour m'attirer leur confiance", a-t-il déclaré après la confirmation de sa victoire.

Le nouveau chef de l'Etat entamera son quinquennat en août.

Avant son élection, seuls le Chili et la Colombie échappaient à la gauche en Amérique du Sud. Son adversaire Efrain Alegre, un avocat de 40 ans issu du Parti libéral au pouvoir, a reconnu sa défaite.

Le Parti libéral a accédé à la présidence après la destitution de Fernando Lugo en juin 2012. L'ancien évêque catholique devenu chef de file de la gauche a été reconnu coupable par le Congrès d'avoir mal géré des heurts consécutifs à une expropriation qui ont fait 17 morts.

Plusieurs pays voisins ont assimilé cette destitution à un coup d'Etat et ont infligé des sanctions diplomatiques au Paraguay. Les partisans de Lugo ne se sont guère mobilisés pour le défendre et le Parti libéral était de loin la composante la plus importante de sa coalition.

RÉINTÉGRER LE MERCOSUR

Dimanche, les libéraux ont non seulement perdu la présidence, mais ont subi un sévère revers aux législatives et aux régionales qui avaient lieu au même moment.

"La grande défaite aujourd'hui est pour le parti libéral. Ils doivent se demander pourquoi ils ont été favorables à la destitution. Les Libéraux ne peuvent battre seuls le Parti Colorado et ils n'ont pas bénéficié aujourd'hui des voix de gauche", a observé le politologue Alfredo Boccia.

Horacio Cartes, qui compte parmi les Paraguayens les plus riches, a fait fortune dans la finance et le tabac. Pendant la campagne, ses détracteurs l'ont accusé d'implications dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent, mais il n'a jamais été inquiété et nie toute inconduite.

La réputation d'administrateur intègre dont jouissait son adversaire Efrain Alegre a par ailleurs été ternie par une enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics alors qu'il était ministre des Travaux publics sous Fernando Lugo.

En tant que parlementaire, Efrain Alegre a enquêté sur plusieurs cas de corruption visant le Colorado et s'était engagé à combattre les "mafias" du pays.

Les scrutins de dimanche se sont déroulés dans le calme et les observateurs internationaux n'ont signalé aucune irrégularité. Deux actes de guérilla on toutefois été commis dans le Nord, où un membre de la modeste Armée populaire paraguayenne et un policier ont été tués.

Le Paraguay, dont l'économie repose sur ses exportations de soja et de viande de boeuf, a été suspendu du Mercosur à la suite de la destitution de Fernando Lugo.

Horacio Cartes a promis de faire le nécessaire pour réintégrer l'organisation. Il s'est en outre engagé à procéder à une réforme agraire et à stimuler les investissement étrangers avec de grands chantiers publics.

Près de 40% des 6,6 millions de Paraguayens vivent sous le seuil de pauvreté. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)