* Première réelle baisse du chômage depuis 30 mois

* Hollande estime que l'inversion de la courbe est amorcée

* Les emplois aidés expliquent la baisse d'octobre, le privé reste en berne (Actualisé avec précisions, déclarations)

PARIS, 28 novembre (Reuters) - Le nombre de demandeurs d'emploi en France a connu en octobre sa première véritable baisse depuis 30 mois, amenant François Hollande à déclarer que "l'inversion de la courbe du chômage est désormais amorcée".

Le recul du mois dernier a été surtout le fait des jeunes de moins de 25 ans, qui bénéficient à plein des contrats aidés, et de la montée en puissance des "emplois d'avenir", alors que les embauches restent en berne dans le secteur privé.

Selon les données publiées jeudi par le ministère du Travail, le nombre de demandeurs de catégorie A, sans le moindre emploi, a ainsi diminué de 0,6% en octobre, soit de 20.500, pour s'établir à 3.275.200, son niveau le plus bas niveau depuis le mois de mai.

En tenant compte des personnes ayant exercé une activité réduite (catégorie B et C), leur nombre progresse toutefois de 0,8% (+39.600) et établit un nouveau record à 4.883.000. Avec les départements d'Outre-mer, le total atteint 5.182.500.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a souligné qu'il s'agissait de la première vraie baisse du nombre de chômeurs de catégorie A depuis avril 2011, si l'on excepte celle du mois d'août dernier qui était due à un dysfonctionnement dans le processus de collecte des données.

Sur la base de l'évolution des trois derniers mois, marquée par une baisse moyenne mensuelle de 3.500 des demandeurs d'emploi, "l'inversion de la courbe du chômage se dessine", a-t-il dit dans un communiqué.

RECORD DE CHÔMEURS DE LONGUE DURÉE

Le chef de l'Etat a estimé pour sa part qu'"un premier résultat est acquis" et qu'il est "conforme à l'engagement que j'avais pris pour la fin de cette année" en matière d'inversion de la courbe du chômage.

"Les chiffres publiés aujourd'hui confirment que la bataille pour l'emploi peut être gagnée", a-t-il ajouté.

François Hollande avait créé jeudi matin une certaine confusion à propos de son objectif d'inversion durable de la courbe du chômage en laissant entendre un temps, avant de se reprendre, qu'il pourrait ne pas être atteint en fin d'année comme prévu. (voir )

Au vu des perspectives de reprise très progressive de la croissance de l'économie française, les économistes anticipent au mieux pour leur part une stabilisation des statistiques à cette échéance, mais pas d'inversion réelle avant 2015.

En attendant, la prolongation des contrats aidés décidés cette année par le gouvernement et le développement des "emplois d'avenir", qui atteignent désormais 85.000, expliquent l'essentiel de l'embellie d'octobre, un mois marqué par un recul de 2,3% des demandeurs d'emploi de moins de 25 ans.

Sur un an, la hausse des chômeurs de cette catégorie d'âge est maintenant limitée à 0,6% contre 6,0% pour l'ensemble de la catégorie A.

Octobre a également été marqué par un nombre très élevé de radiations administratives de chômeurs par Pôle emploi (+25,8% à 52.600) et un léger rebond (+0,9%) des offres d'emploi collectées par l'organisme public, qui restent néanmoins très proches de leurs plus bas de l'été. Sur un an, elles accusent toujours un repli de 8,0%.

L'autre gros point noir est la poursuite de la hausse du nombre de chômeurs de longue durée (+1,4% pour ceux de plus d'un an et +1,2% pour ceux de plus de trois ans), qui représentent aujourd'hui 41,2% des demandeurs d'emplois inscrits, une proportion sans précédent.

BAISSE PONCTUELLE POUR L'OFCE

Pour Eric Heyer, économiste à l'OFCE, une baisse du chômage dans l'environnement actuel ne peut être que "ponctuelle et pas tendancielle", car elle ne repose que sur les emplois aidés, dont le caractère est temporaire.

"Tant que le secteur privé ne recommence pas à créer énormément d'emplois, car il faut qu'il en crée beaucoup pour faire baisser le chômage parce qu'on a une population active qui augmente, la baisse tendancielle du chômage n'existera pas", a-t-il dit.

L'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) ne l'anticipe pas avant au mieux début 2015.

Dans l'immédiat, les dernières enquêtes menées auprès des chefs d'entreprise français ne signalent qu'un ralentissement des suppressions d'emploi.

La Sécurité sociale a fait état de son côté d'une baisse des embauches dans le privé ( ) en octobre et le secteur de l'intérim d'un nouveau recul de ses effectifs le mois dernier. ( ) (Yann Le Guernigou, avec Pauline Ades-Mevel, édité par Yves Clarisse)