* Hollande a demandé un rééquilibrage du commerce franco-chinois

* Les autorités chinoises ont "parfaitement répondu", dit Hollande

* Méfiance de la presse chinoise sur la sincérité de la France (Actualisé avec déclarations de Hollande, éditorial)

par Julien Ponthus

SHANGHAI, 26 avril (Reuters) - François Hollande, qui a obtenu du gouvernement chinois un accord de principe pour soulager le déficit commercial français, a achevé vendredi sa visite d'Etat en Chine en insistant sur sa volonté de renforcer les liens politiques entre Paris et Pékin.

Si le président français a estimé que les autorités chinoises avaient "parfaitement répondu" aux demandes de la France d'une ouverture de leur marché, il a aussi donné des gages à ceux qui, en Chine, redoutent que l'offensive de charme française ne suive qu'une logique commerciale.

"D'abord la politique, d'abord la relation de confiance avant de parler contrats, exportations, investissements", a déclaré François Hollande à la communauté française de Shanghai, dernière étape de son périple chinois.

Le quotidien communiste chinois Global Times redoute en effet que la France veuille obtenir des avantages commerciaux sans apporter un soutien politique à son régime et se montre nostalgique de la politique française des années 1960.

"Pourquoi le gouvernement français de l'époque, dirigé par Charles de Gaulle a-t-il été le premier pays occidental à reconnaître la Chine ?", s'interroge le Global Times.

"Certainement pas pour des opportunités commerciales!" tranche le journal qui constate les avancées obtenues par une délégation française plutôt profil bas sur la question des droits de l'Homme et du Tibet.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est aussi voulu rassurant quant au renforcement de la relation.

"Sur le plan politique, il y aura une visite d'Etat chaque année entre les deux pays et ça, ça veut dire, moi qui ait un peu la pratique de ces choses, que nécessairement il y aura une montée en régime", a-t-il indiqué à Reuters.

"JE NE CHERCHE PAS DES DÉFICITS"

Pour l'heure, le président français a indiqué que la Chine était réceptive aux demandes françaises.

"Ils ont parfaitement répondu aux demandes que nous faisions, le rééquilibrage, l'ouverture, les filières que nous considérions comme prioritaires et l'investissement chinois en France", a dit François Hollande dans l'avion qui le menait de Pékin à Shanghai.

"Ils ne veulent pas être regardés comme un pays qui recherche des excédents. C'est le mot qu'a eu le Premier ministre chinois, qui a dit : nous ne recherchons pas des excédents. Je lui ai répondu: je ne recherche pas des déficits."

Promis par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour 2017, le retour à une balance commerciale équilibrée (hors énergie) ne se fera pas sans un effort considérable sur la Chine qui, avec un solde de 26,5 milliards d'euros en 2012, pèse environ 40% du déficit commercial français.

François Hollande a placé sa visite en Chine sous le signe de son combat pour l'emploi, un enjeu devenu brûlant alors que le chômage vient de battre son record de janvier 1997.

Le président a réitéré à Pékin son objectif de faire reculer le chômage d'ici fin 2013, une mission impossible selon de nombreux économistes du fait d'une croissance économique nulle.

François Hollande a eu l'occasion de tisser des liens personnels avec la nouvelle direction communiste du pays.

Le président, en compagnie de sa compagne Valérie Trierweiler, a déjeuné avec le président chinois Xi Jinping et sa femme, Peng Liyuan, une chanteuse populaire élevée au grade de général qui, par sa médiatisation et son goût de la lumière, a bouleversé le rôle dévolu aux premières dames chinoises. (Avec Terril Jones à Pékin, édité par Yves Clarisse)