* "Nous sommes en train de gagner la bataille", dit Hollande

* Les Africains peuvent selon lui "prendre le relais" dans le Nord

* Il appelle de ses voeux un "processus de démocratisation" (Actualisé avec autres citations)

PARIS, 28 janvier (Reuters) - La France et ses partenaires sont en train de "gagner la bataille" pour libérer les villes du Mali et c'est aux Africains de prendre le relais pour aider ce pays à recouvrer son intégrité territoriale, a déclaré lundi François Hollande.

Deux semaines et demie après le début de l'opération Serval, le président français a esquissé une porte de sortie pour l'armée française, affirmant qu'il reviendrait aux troupes africaines de poursuivre l'offensive dans le nord du Mali, où sont déployés la plupart des islamistes.

"Nous sommes en train de gagner cette bataille, quand je dis nous, c'est l'armée malienne, ce sont les Africains soutenus par les Français, a-t-il déclaré, alors que les armées française et malienne viennent de reprendre le contrôle des villes stratégiques de Gao et Tombouctou. (voir )

"Maintenant, les Africains peuvent prendre le relais et ce sont eux qui iront dans la partie du Nord dont nous savons qu'elle est la plus difficile puisque des terroristes y sont cachés et qu'ils peuvent encore mener des opérations extrêmement dangereuses pour les pays voisins et pour le Mali", a ajouté François Hollande lors d'une conférence de presse à l'Elysée.

Il a répété que la France n'avait "pas vocation à rester au Mali" et qu'à terme, les Français ne seraient là que pour encadrer et former l'armée malienne, qui doit bénéficier à partir de la mi-février de l'appui de la mission européenne de formation (EUTM), non combattante, composée de 450 hommes dont 200 instructeurs.

"De la même manière que nous sommes montés en charge rapidement, nous reviendrons vers les bases de départ", a dit François Hollande aux côtés du Premier ministre polonais, Donald Tusk.

3.500 SOLDATS FRANÇAIS

Le président a salué "le courage et l'efficacité des soldats français", dont 3.500 ont été déployés sur le sol malien depuis le début de l'intervention, le 11 janvier. Ils sont appuyés par 1.900 soldats africains, en plus de l'armée malienne.

"En peu de jours ils sont été capables d'arrêter l'offensive terroriste, d'infliger des pertes sérieuses par la voie aérienne et d'obtenir, non sans mal, avec l'armée malienne la reconquête des principales villes", a ajouté chef des armées.

Selon le porte-parole de l'état-major de l'armée française Thierry Burkhard, 15 djihdadistes ont été tués samedi lors d'un accrochage avec les forces spéciales françaises pendant la prise de contrôle d'un pont sur le Niger pour la conquête de Gao et 10 ont été tués par des hélicoptères Tigre au nord de la même ville dans la nuit de dimanche à lundi.

François Hollande a évoqué des "manoeuvres extrêmement difficiles", sans toutefois renouveler son appel à "détruire" les "terroristes".

"Notre intervention a non seulement été décisive pour arrêter les terroristes mais a permis d'enclencher une solidarité de toute l'Afrique a travers ce qu'on appelle la Misma (Mission internationale de soutien du mali-NDLR) et de protéger les populations civiles de toutes les exactions", a-t-il estimé.

"La meilleure preuve c'est que les images que les télévisions peuvent envoyer lors de la libération des villes sont des images de liesse pour l'accueil de nos soldats et de l'armée malienne".

TRANSITION POLITIQUE

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme affirment pourtant que l'armée malienne s'est livrée à des opérations de représailles, notamment contre les touaregs.

Alors que sept Français sont toujours otages au Sahel, François Hollande a dit avoir "une pensée" pour eux et réaffirmé qu'il fallait "tout faire pour obtenir leur libération".

Il a enfin évoqué la transition politique au Mali, livré au chaos depuis le coup d'Etat de mars dernier.

"Nous avons aussi à tout faire pour que les autorités légitimes du Mali puissent engager un processus de démocratisation encore plus avancé avec l'organisation d'élections", a-t-il dit.

Il a émis le souhait que ces élections soient organisées "dans les délais qui seront les meilleurs, ce qui suppose le retour à l'intégrité territoriale".

Investi en avril après le départ d'Amadou Toumani Touré, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a été chargé de l'organisation des prochaines élections. Un accord signé le 21 mai dernier prévoyait une transition politique d'un an. Organiser des élections devrait théoriquement prendre des mois. (Elizabeth Pineau et Julien Ponthus, édité par Yves Clarisse)