BANGUI, 6 octobre (Reuters) - Des affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait quatorze morts ces derniers jours en Centrafrique, ont indiqué dimanche la police et un évêque.

La République centrafricaine est plongée dans le chaos depuis que les rebelles nordistes du Séléka ont pris par la force la capitale et déposé le président élu François Bozizé en mars.

L'Union africaine envisage de déployer une force de paix de 3.600 hommes sous le nom de Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) incorporant la force régionale de 1.100 soldats déjà présente sur le terrain. Mais la force de l'UA a peu de chances d'être opérationnelle d'ici l'an prochain.

Selon des ONG et des responsables onusiens, les deux camps sont susceptibles d'avoir commis des crimes de guerre.

Samedi, à Bangassou, une ville isolée de l'est du pays située à environ 750 km de la capitale Bangui, des membres du Séléka ont soutenu militairement les musulmans de la ville pendant les affrontements.

"Les quatre personnes tuées appartenaient à la communauté chrétienne", a déclaré à Reuters Mgr Juan Jose Aguirre, évêque de la ville.

Les troubles ont débuté mardi lorsque les chrétiens ont organisé un défilé pour protester contre les exactions commises à Bangassou par les combattants du Séléka, majoritairement musulmans.

"Des membres de la communauté musulmane, soutenus par le Séléka, ont fait venir des armes et ont bloqué la marche. La situation s'est envenimée et il y a eu en tout dix morts de part et d'autre. Tout est parti de là", a déclaré un responsable local de la police, Edouard Mbiga.

"C'est une situation absolument épouvantable (...) il y a des exactions tous les jours, des vols, des viols, des assassinats", a déclaré dimanche sur Europe 1 le ministre français des Affaires étrangères.

"Nous avons des hommes, les Africains ont également des hommes et nous sommes en train d'intervenir au niveau des Nations Unies, de l'Union Africaine et des organisations regionales pour trouver une solution, une solution de paix", a ajouté Laurent Fabius.

L'ancienne puissance coloniale, qui est déjà intervenue militairement avec succès en début d'année au Mali pour chasser des rebelles djihadistes qui menaçaient de prendre le pouvoir à Bamako, rechigne cette fois à s'impliquer directement à Bangui, où elle a 450 hommes sur place.

"La France veut être un facilitateur international, il n'est pas du tout question d'intervenir comme au Mali", a insisté Laurent Fabius, en précisant qu'il se rendrait "bientôt" en Centrafrique. (Paul Marin Ngoupana, avec Ingrid Melander et John Irish à Paris, Pascal Liétout pour le service français)