par Clare Baldwin et Soyoung Kim

Quand l'action GM a commencé à coter sur le Big Board, au lieu du son habituel de la cloche d'ouverture, on a entendu le vrombissement d'un moteur de Chevrolet Camaro, tandis qu'à l'extérieur de la Bourse, stationnaient les derniers modèles du constructeur.

A la clôture, près de 20 millions d'actions GM avaient changé de mains, soit plus du triple des transactions sur la banque Citigroup, deuxième action la plus traitée du jour.

GM est aussi coté à la Bourse de Toronto.

L'action GM a fini sur un gain de 3,6% à 34,19 dollars après avoir un moment gagné 9% et frôlé 36 dollars (35,99 dollars). Certains analystes ont fait valoir que le potentiel de gain était limité compte tenu du relèvement du prix d'introduction en Bourse et du nombre d'actions mis sur le marché.

Ce retour réussi va aider le gouvernement Obama à faire valoir que le plan de sauvetage controversé de GM, qui a nécessité l'injection de près de 50 milliards de dollars (30 milliards par le gouvernement Obama et près de 20 milliards par le gouvernement de George W. Bush), était nécessaire.

L'Etat américain espère s'être totalement désengagé de GM fin 2012 au plus tard. Pour l'instant, sa participation devrait être ramenée de près de 61% à environ 33%.

"Le contribuable américain est maintenant en position de récupérer plus que ce que mon administration a investi dans GM", a déclaré Barack Obama à la presse jeudi après-midi.

Le directeur financier Chris Liddell a indiqué que le but de GM était de rembourser toutes les dettes en cours et de financer totalement ses plans d'épargne retraite dans les années qui viennent.

PERTE DE NEUF MILLIARDS SUR INVESTISSEMENT

Selon le gouvernement, un tsunami automobile induit par la chute de GM aurait coûté 1 million d'emplois, y compris chez les fournisseurs et aurait réduit le PIB américain de 1%.

Le constructeur automobile avait fixé mercredi un cours d'introduction à 33 dollars, soit le haut de la fourchette attendue, ce qui lui a permis de lever 20,1 milliards de dollars (14,8 milliards d'euros), en actions ordinaires et préférentielles, soit le plus gros montant levé en Bourse de l'histoire des Etats-Unis.

Le prix de 33 dollars valorisait GM à environ 63 milliards de dollars (milliards d'euros).

Si l'option de surallocation est exercée, GM aura au total levé 23,1 milliards de dollars, éclipsant l'introduction en Bourse d'Agricultural Bank of China qui avait représenté 22,1 milliards en juillet.

La plus grosse mise sur le marché de l'histoire américaine devrait avoir engendré un total d'honoraires de 273,6 millions de dollars pour les banques, option de surallocation comprise, selon les chiffres fournis par GM.

A 33 dollars l'action, la vente des titres de l'Etat représente une perte d'environ 9 milliards de dollars par rapport à l'investissement initial. L'Etat rentrerait théoriquement dans ses frais s'il parvenait à solder le reste de sa participation à une moyenne de 52 dollars par action, soit 50% de plus que le prix de clôture de GM jeudi.

DE BON AUGURE POUR LE RETOUR DE CHRYSLER

Le constructeur chinois SAIC a confirmé jeudi avoir acheté 15,15 millions d'actions, soit une part de 1%, pour environ 500 millions de dollars.

Plus de 20% des actions devraient être détenues par des particuliers, a par ailleurs indiqué une source proche du dossier.

Le succès de General Motors est également bon signe pour plusieurs groupes liés de près ou de loin à l'automobile et qui envisagent une entrée en Bourse.

Mardi soir, l'administrateur délégué de Fiat Sergio Marchionne a estimé que le très bon accueil fait à l'introduction en Bourse de GM était de bon augure pour celle de Chrysler, envisagée au second semestre de 2011.

Ford, seul grand constructeur américain à avoir évité la faillite durant la crise de 2008, a fini en baisse de 3,36% à 16,12 dollars. Son cours avait jusqu'ici gagné 17% en novembre, principalement en prévision du retour en Bourse de GM.

Avec ce retour en Bourse, la nouvelle équipe dirigeante de GM, emmenée par son directeur général Dan Akerson, 62 ans, réussit son premier grand test.

"C'est un grand jour lorsqu'on revient à la cotation, mais nous n'avons il faut encore que chaque jour soit un succès pour nos produits", a-t-il déclaré.

Avec Donny Kwok à Hong Kong et Dominic Lau à Londres, Gregory Schwartz, Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français