par Clare Baldwin et Soyoung Kim

Le succès annoncé du retour en Bourse de General Motors représente une réussite pour le gouvernement de Barack Obama, qui avait été critiqué à l'époque du plan de sauvetage du constructeur, jugé trop coûteux.

Le président des Etats-Unis a qualifié mercredi le retour en Bourse du géant automobile mis en faillite et sauvé par le contribuable américain en juin 2009 "d'étape très importante" pour le redressement du groupe et pour l'ensemble du secteur.

GM a vendu mercredi 478 millions d'actions ordinaires au prix de 33 dollars pièce, soit un total de 15,77 milliards de dollars. Il a aussi vendu pour 4,35 milliards de dollars d'actions préférentielles.

Si l'on tient compte de l'option de sur-allocation, qui pourrait être exercée dans les prochains jours, GM pourrait au total avoir levé 23,1 milliards de dollars, soit la plus grosse mise sur le marché jamais réalisée. Le record est pour l'instant détenu par l'Agricultural Bank of China avec 22,1 milliards de dollars levés en juillet. Visa avait levé 19,7 milliards de dollars pour son entrée en Bourse en 2008.

Le constructeur avait initialement prévu de vendre 365 millions d'actions ordinaires à un prix allant de 26 à 29 dollars ainsi que trois milliards de dollars d'actions préférentielles. Mardi, la fourchette a été porté à 32-33 dollars et la valeur des actions préférentielles proposées augmentée d'un milliard.

LA PART DE L'ÉTAT RÉDUITE DE MOITIÉ ENVIRON

Selon les dirigeants du secteur automobile, le revirement de l'opinion de Wall Street, est le signe d'un retour de la confiance dans un secteur particulièrement touché par la crise financière de 2008.

"Vous n'investissez pas dans GM pour trois mois", souligne Tim Leuliette, administrateur chez l'équipementier automobile Visteon. "On est dans GM parce qu'un élément important, une pierre importante de l'économie américaine, s'est repositionné de façon importante pour être compétitif".

GM a dégagé un bénéfice de cinq milliards entre janvier et octobre 2010 et pourrait afficher son premier bénéfice annuel depuis 2004. Selon les analystes, les résultats continueront à s'améliorer si les ventes automobiles aux Etats-Unis continuent à remonter vers les 15 ou 16 millions de véhicules par an enregistrés pour la dernière fois en 2007.

Les ventes ont plongé à 10,4 millions de véhicules en 2009 et ont entamé une remontée vers les 11,5 millions cette année.

"GM gagne beaucoup d'argent à des niveaux de ventes déprimés. Si le marché s'améliore, il devrait gagner encore plus d'argent", commente Dave Cole, président honoraire du Centre d'analyse automobile (CAR).

Lors d'une tournée auprès des investisseurs, le directeur général de GM Dan Akerson et le directeur financier Chris Liddell, ont mis l'accent sur la baisse des coûts et sur la présence importante du groupe sur des marchés en croissance comme la Chine.

La mise en Bourse va permettre de récupérer une partie importante des fonds publics injectés dans le constructeur créé il y a 102 ans - 50 milliards de dollars.

L'INCONNUE SAIC MOTOR

Dans le cadre de l'opération, la participation de l'Etat, de près de 61%, reviendra un peu moins de 37% et à environ 33% si tous les titres disponibles sont vendus. L'Etat lèvera entre 11,8 et 13,6 milliards de dollars.

Quoiqu'il en soit, le Trésor américain restera le principal actionnaire de GM.

Au prix de 33 dollars, il faudra que l'action monte de 47% à 48,58 dollars pour que l'Etat rentre dans ses frais. A 48 dollars, la capitalisation de GM serait de plus de 90 milliards de dollars, alors que celle de Ford, son plus proche concurrent, est d'un peu plus de 59 milliards de dollars, à la faveur d'une hausse de 65% de son cours de Bourse cette année.

A Washington, on considérerait déjà comme une réussite de parvenir au point mort sur les 30 milliards de dollars prêtés à GM. L'administration précédente, celle de George W. Bush, avait injecté un peu plus de 19 milliards de dollars.

On ne savait toujours pas mercredi soir si le partenaire chinois de GM, le groupe public SAIC Motor, avait reçu l'autorisation de prendre une participation de 1% dans GM.

Les deux groupes négocient depuis cet été un renforcement de leur coopération, notamment dans le domaine des voitures électriques. SAIC a donné son accord de principe pour investir 500 millions de dollars dans General Motors, sous réserve de l'approbation du gouvernement chinois.

Selon certaines sources, des fonds souverains du Moyen-Orient et d'Asie ont acheté des actions GM.

Benoît Van Overstraeten, Gregory Schwartz et Danielle Rouquié pour le service français