Londres (awp/afp) - Les ventes au détail au Royaume-Uni ont connu en décembre leur plus mauvais mois depuis le vote pour le Brexit, symbole d'une année marquée par le ralentissement de la consommation face à une inflation élevée.

L'Office des statistiques nationales (ONS) a annoncé vendredi une baisse de 1,5% des ventes en décembre sur un mois, soit la pire performance de cet indicateur depuis juin 2016 (-1,6%), mois du référendum sur la sortie de l'UE.

Cette baisse, plus marquée que prévu par les économistes interrogés par Bloomberg qui s'attendaient à un repli de 1,1%, intervient après une hausse de 1% en novembre (chiffre révisé en baisse).

Les ventes dans les magasins alimentaires ont reculé de 1,1% après une hausse de 0,6% le mois précédent, confirmant l'impression mitigée laissée par la publication des chiffres d'activité pour Noël des grandes chaînes de supermarchés.

Les ventes de biens domestiques ont quant à elle chuté de 5,3% et celles dans l'habillement ont reculé de 1%.

Le chiffre de décembre montre que les Britanniques ont été moins dépensiers pendant la période des fêtes, sur fond d'inflation élevée, préférant réaliser leurs achats en avance.

"Les consommateurs continuent de procéder à leurs achats de Noël plus tôt avec, par rapport aux années précédentes, davantage de dépenses en novembre et moins en décembre", explique Rhian Murphy, statisticien à l'ONS.

Grâce à la période de soldes du Black Friday en novembre, les ventes au détail se sont affichées en légère hausse de 0,4% au quatrième trimestre par rapport au précédent.

Sur l'ensemble de l'année, elles n'ont progressé que de 1,9%, soit la croissance la plus faible depuis 2013 pour cet indicateur.

- Impact sur la croissance -

"Peut-être que ce chiffre annuel est l'élément le plus inquiétant", alors que la hausse des ventes au détail avait été bien plus forte en 2016 à 4,6%, remarque Joshua Mahony, analyste chez IG.

Ce fort coup de frein s'explique surtout par le fait que le pouvoir d'achat des ménages a été rogné ces derniers mois par la poussée de l'inflation, qui s'est établie à 3% en fin d'année.

Il s'agit d'une des conséquences indirectes du vote pour le Brexit, lequel a lourdement pesé sur la livre britannique, ce qui a renchéri le coût des biens importés et donc entretenu la hausse des prix.

L'inflation, qui a ralenti à 3% en décembre après un pic à 3,1% en novembre, est nettement plus vive que la progression des salaires des Britanniques, comprimant ainsi leur capacité à dépenser.

Cette morosité de la consommation se répercute directement sur l'activité économique alors que la dépense des ménages était son principal moteur ces dernières années.

Les chiffres de la croissance pour 2017 sont attendus vendredi prochain et devraient montrer un net ralentissement à 1,5% selon les pouvoirs publics, contre une hausse du PIB de 1,9% en 2016.

Ils seront dévoilés au moment où les négociations sur les futures relations entre le Royaume-Uni et l'UE sont toujours incertaines et de nature à limiter les projets d'investissement des entreprises qui espèrent un divorce le plus doux possible.

Les économistes se demandent désormais si les ménages vont continuer à se serrer la ceinture en 2018, même si la plupart d'entre eux attendent une inflation désormais moins forte compte tenu d'une certaine remontée de la devise britannique.

"La grande question qui se pose est celle de savoir si c'est le début d'une tendance préoccupante pour l'économie ou si le ralentissement de l'inflation et des hausses de salaires peuvent représenter une planche de salut. La réponse est qu'il est trop tôt pour le dire", explique Ben Bretell, analyste chez Hargreaves Lansdown.

afp/rp