Londres (awp/afp) - Le marché de l'emploi au Royaume-Uni a fait preuve de vigueur à fin novembre, apportant un peu de réconfort à une économie confrontée à une inflation élevée et aux incertitudes du Brexit.

Le taux de chômage s'est maintenu au plus bas depuis 1975, à 4,3% lors des trois mois de septembre à novembre, a annoncé mercredi l'Office des statistiques nationales (ONS).

Les économistes s'attardaient sur le fort rebond du nombre de personnes employées, de 102.000 à 32,21 millions par rapport à la période de juin à août, portant le taux d'emploi à un niveau de 75,3%, du jamais vu depuis le lancement de cette statistique en 1971.

L'ONS précise que ces nouveaux emplois, qui constituent une surprise par rapport aux attentes, sont avant tout à temps plein, puisque le nombre de personnes à temps partiel a légèrement reculé.

Cette hausse est un signe de bonne santé pour le marché de l'emploi britannique, mais elle intervient après plusieurs mois de repli de cet indicateur connu pour sa grande volatilité.

"Le marché de l'emploi britannique a montré des signes de vigueur en fin d'année dernière", mais de récentes études auprès des entreprises "suggèrent qu'un regain d'optimisme sur le Brexit sera nécessaire pour soutenir l'emploi", explique Chris Williamson, économiste chez IHS Markit.

En parallèle, le nombre de personnes au chômage est resté à peu près stable sur la période à 1,44 million.

Au total, le taux de chômage n'a pas bougé, puisque la hausse du nombre d'emplois a été compensée par la progression de la population active.

Les statistiques de l'emploi ont montré en outre un nombre élevé de postes vacants, révélant, selon le centre de recherche NIESR, "des difficultés pour les employeurs dans quelques secteurs dont ceux avec une proportion importante d'étrangers face aux défis du Brexit".

- Des ménages sous pression -

L'ONS a par ailleurs indiqué que les salaires (primes comprises) avaient augmenté de 2,5% pendant les trois mois sur un an, soit bien en dessous de l'inflation, ce qui a conduit à une compression de 0,2% du pouvoir d'achat des Britanniques.

En novembre, l'inflation avait atteint un pic à 3,1%, nourrie par la hausse des prix des biens importés en raison de la faiblesse de la livre depuis le vote pour le Brexit en 2016.

Ce contexte inquiète le patronat britannique, sa principale organisation la CBI expliquant que "même s'il est encourageant d'observer un retour à la croissance des emplois, ainsi que des légères hausses de salaires, une inflation élevée signifie que le niveau de vie reste sous pression".

La contraction du pouvoir d'achat pénalise la consommation et donc la croissance économique dont elle avait été le moteur ces dernières années.

Les pouvoirs publics s'attendent à un coup de frein de la hausse du PIB en 2017 à 1,5%, par rapport au 1,9% de l'année précédente, alors qu'une première estimation de la croissance est attendue vendredi.

Les consommateurs pourraient toutefois être en train de manger leur pain noir, puisque l'inflation semble commencer à lentement refluer, à 3,0% en décembre, du fait de la remontée récente de la livre.

En outre, la faiblesse du chômage laisse espérer de meilleurs salaires à l'avenir puisque les personnes cherchant un emploi devraient être en théorie en position de force pour obtenir des revenus plus élevés.

"Avec un chômage britannique parmi les plus faibles en Europe et des niveaux records de postes vacants, nous attendons une accélération de la hausse des salaires cette année. Le pire de la compression du pouvoir d'achat est probablement derrière nous", relève Ian Stewart, économiste au cabinet Deloitte.

Des économistes font toutefois remarquer que le seul moyen d'assurer une hausse pérenne des salaires est d'améliorer la productivité, ce qui constitue précisément un problème récurrent pour le Royaume-Uni depuis la crise financière.

afp/rp