Londres (awp/afp) - L'inflation au Royaume-Uni a légèrement ralenti à 3,0% en décembre grâce à une accalmie dans l'alimentaire, faisant espérer un apaisement des prix en 2018 qui soulagerait le pouvoir d'achat des ménages.

Ce chiffre publié mardi par l'Office des statistiques nationales (ONS) témoigne d'une hausse des prix d'une année sur l'autre un peu moins forte qu'en novembre, lorsqu'ils avaient grimpé de 3,1% - un niveau sans précédent depuis mars 2012.

Cette vigueur continue depuis des mois provient de la décision des Britanniques de quitter l'UE au référendum de juin 2016, qui a fait dégringoler la livre sterling et élevé le prix des importations, notamment celui de l'alimentation.

L'inflation grignote depuis des mois le pouvoir d'achat des ménages britanniques, notamment des plus modestes, au point de peser sur la consommation et de pousser syndicats et opposition travailliste à demander des mesures au gouvernement conservateur.

Dans le détail, les données publiées mardi ont fait apparaître une légère accalmie du côté des prix alimentaires, qui n'ont augmenté "que" de 4,1% sur un an après 4,4% en novembre.

Les tarifs de télécommunications ont aussi augmenté moins vite et ceux des équipements audiovisuels ont même diminué (-1,0% sur un an), dans un contexte de fin d'année propice à de nouvelles soldes.

A l'inverse, les prix de l'ameublement (+3,6%) et de l'électroménager (+6,1%) ont augmenté plus vite qu'en novembre. Les prix du tabac ont quant à eux accéléré et grimpé de 8%, reflet d'une hausse de taxe décidée par le gouvernement dans son dernier budget.

- Frein à la consommation -

Les analystes s'interrogent depuis des mois sur le moment où l'inflation pourrait commencer à vraiment se replier.

Lors de sa dernière réunion de politique monétaire à la mi-décembre, la Banque d'Angleterre (BoE) avait estimé que l'inflation de 3,1% constatée en novembre "était probablement proche d'un pic" et qu'elle devrait, à moyen terme, ralentir en direction de son niveau cible de 2%.

Le gouverneur de la BoE "Mark Carney et ses collègues vont pousser un soupir de soulagement ce matin", a commenté Ben Brettell, économiste chez Hargreaves Lansdown. L'institut d'émission avait relevé en novembre son taux directeur - à 0,5% - pour la première fois depuis juillet 2007 pour contrer l'accélération de l'inflation.

"L'inflation fait les gros titres depuis le vote pour le Brexit qui a fait chuter la livre sterling. Mais la logique veut qu'une fois les effets de la livre dépréciée pris en compte par l'économie, ils devraient sortir du calcul de l'inflation d'une année sur l'autre" et permettre à la hausse des prix de ralentir, a ajouté M. Brettell.

"Nous pensons que l'inflation a atteint son plus haut et va peu à peu revenir autour des 2%", a renchéri Amit Kara, économiste au National Institute of Economic and Social Research, un centre de recherche très respecté parmi les experts.

L'ONS reste en revanche plus prudente, son statisticien James Tucker jugeant "prématuré de voir dans la petite baisse d'aujourd'hui le début d'un recul du taux d'inflation à long terme".

L'inflation élevée pèse en tous cas sur les achats de biens durables et les chiffres des ventes au détail du mois de décembre, attendus vendredi, seront scrutés.

La consommation des ménages a eu tendance à moins bien se porter en 2017 que lors des deux années précédentes au cours desquelles elle avait dopé l'activité britannique. Après 2,3% en 2015 et 1,9% en 2016, la croissance du produit intérieur brut pourrait se limiter à 1,5% en 2017, a prévenu l'organisme public OBR.

Une première estimation officielle de la croissance de l'année écoulée sera publiée par l'ONS le 26 janvier. Elle prendra d'autant plus de relief dans le contexte d'incertitudes entourant le Brexit, accusé de pousser les entreprises à la prudence avant d'investir.

afp/rp