par Andrew MacAskill, Elizabeth Piper et Alistair Smout

LONDRES, 4 juillet (Reuters) - Le chef de file du Parti travailliste, Keir Starmer, devrait devenir le nouveau Premier ministre britannique vendredi, le Labour ayant remporté une large majorité lors des élections législatives de jeudi en Grande-Bretagne, selon un sondage de sortie des urnes.

D'après le sondage de sortie des urnes, le Labour a remporté 410 des 650 sièges du Parlement, mettant fin à quatorze années de majorité conservatrice.

"Ce soir, les Britanniques se sont exprimés et ils sont prêts pour le changement, prêts à mettre fin à la politique de la performance, à revenir à la politique en tant que service public", a déclaré Keir Starmer après avoir remporté son siège à la Chambre des communes.

"Le changement commence ici, car c'est votre démocratie, votre communauté et votre futur. Vous avez voté, il nous revient désormais de nous exécuter."

A son arrivée au pouvoir, Keir Starmer n'aura toutefois pas la tâche facile, alors que l'économie est atone, que les services publics sont défaillants et que le niveau de vie des Britanniques est en baisse.

Les Tories sont crédités seulement de 131 sièges, le pire résultat électoral du parti depuis sa création en 1834, les électeurs ayant montré leur mécontentement à l'égard du coût de la vie, des scandales à répétition et des luttes internes chez les conservateurs, avec cinq Premiers ministres successifs depuis 2016.

Les libéraux-démocrates devraient remporter 61 sièges tandis que le parti populiste "Reform UK" de Nigel Farage, l'une des figures pro-Brexit qui s'était lancée de manière inattendue dans la campagne électorale, s'adjugerait 13 sièges.

"Reform a clairement obtenu un bon résultat ce soir et je sais que la réaction de certains de mes collègues sera de dire que nous devrions nous tourner vers la droite", a déclaré à Reuters un député conservateur refusant d'être nommé. "Mais les travaillistes ont gagné ces élections depuis le centre et nous devons nous en rappeler."

Le Parti national écossais (SNP) ne devrait quant à lui obtenir que dix sièges, son pire résultat électoral depuis 2010, selon les sondages de sortie des urnes.

SUNAK, "BOUC ÉMISSAIRE"

Rishi Sunak a surpris les députés et un grand nombre de membres de son parti en convoquant le 22 mai des élections anticipées, alors même que le Labour était crédité d'une vingtaine de points d'avance sur les Tories dans les enquêtes d'opinion.

Arrivé au pouvoir en octobre 2022, Rishi Sunak, espérait que l'écart se réduirait à l'approche du scrutin, comme c'est traditionnellement le cas lors des élections britanniques, mais la campagne des conservateurs s'est avérée ratée.

Comme un symbole, devant sa résidence du 10 Downing Street, le dirigeant conservateur avait effectué trempé, sous un déluge, l'annonce de la tenue du scrutin anticipé. Par la suite, un scandale a éclaté avec la découverte que des candidats conservateurs avaient parié sur la date des élections.

Si les sondages de sortie des urnes s'avèrent corrects, Keir Starmer pourra savourer un incroyable revirement alors que, il y a trois ans à peine, partisans et détracteurs du Labour jugeaient le parti empêtré dans une crise existentielle après la nouvelle perte remarquée d'un siège parlementaire au profit du parti conservateur au pouvoir.

Mais, depuis lors, une série de scandales ont secoué les Tories, au premier rang desquels le "Partygate" - les révélations sur les fêtes organisées à Downing Street en violation des mesures de confinement imposées par le gouvernement alors dirigé par Boris Johnson, arrivé au pouvoir en 2019 auréolé d'une victoire historique lors des législatives.

Liz Truss a ensuite remplacé Boris Johnson, poussé à la démission à l'issue d'une rébellion d'élus conservateurs dont Rishi Sunak, à la tête des Tories et du gouvernement pendant six semaines désastreuses, avant que Rishi Sunak ne lui succède.

"Nous méritons de perdre. Le Parti conservateur semble simplement à bout de forces et à court d'idées", a déclaré à Reuters Ed Costello, président de l'organisation Grassroots Conservatives.

"Mais ce n'est pas uniquement la faute de Rishi Sunak. C'est celle de Boris Johnson et de Liz Truss qui ont mené le parti au désastre. Rishi Sunak n'est qu'un bouc émissaire." (Avec la contribution de William James, Kylie MacLellan, Sachin Ravikumar, Paul Sandle et Muvija M, rédigé par Michael Holden et Kate Holton; version française Camille Raynaud)