par William James et Guy Faulconbridge

BIRMINGHAM, Angleterre, 28 septembre (Reuters) - A moins de huit mois des élections législatives britanniques, l'ouverture du congrès du Parti conservateur, dimanche à Birmingham, a été gâchée par l'annonce d'une nouvelle défection, celle du député Mark Reckless qui a rejoint les rangs des eurosceptiques de l'UKIP.

Fin août, un premier élu tory, Douglas Carswell, avait quitté le parti pour rallier l'UKIP (United Kingdom Independence Party, Parti de l'indépendance du Royaume-Uni). Carswell tentera de décrocher le premier mandat parlementaire de son nouveau parti à Westminster lors d'une élection partielle le 9 octobre.

Le Premier ministre David Cameron est confronté à la fronde de la frange droitière de son parti, qui lui reproche son "laxisme" en matière d'immigration et de politique européenne.

"Je dois admettre que ce congrès aurait pu débuter sous de meilleurs auspices", a reconnu le chef du gouvernement alors que le Sunday Telegraph, classé à droite, titrait "Crise chez les tories".

Pour tenter de répondre aux inquiétudes des plus anti-européens des militants conservateurs, David Cameron a promis, s'il est réélu l'an prochain, l'organisation d'un référendum d'ici la fin 2017 sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE.

Ce dossier européen, par le passé, a largement contribué à la chute de deux de ses prédécesseurs au 10, Downing Street, John Major et Margaret Thatcher.

En annonçant samedi son ralliement au Parti de l'indépendance, Mark Reckless a reproché à la direction du Parti conservateur de rester sourde aux inquiétudes de ses électeurs.

"Les gens ont le sentiment d'être ignorés, laissés à l'écart, surtaxés, soumis à trop de règles, ils ont le sentiment qu'on les trompe et qu'on leur ment", a-t-il dit. "J'ai le sentiment que la direction du Parti conservateur fait partie du problème."

APPELS À UNE "DROITISATION"

L'UKIP, qui milite pour une sortie immédiate de l'UE et un durcissement de la politique migratoire, n'a aucun élu au Parlement britannique mais est arrivé en tête des élections européennes en mai dernier.

Autre déconvenue pour le gouvernement de David Cameron: l'annonce de la démission du ministre de la Société civile, Brooks Newmark, à la veille de la publication par un journal dominical d'un article rapportant qu'il avait transmis à une journaliste des photos de lui qualifiées de "pornographiques".

Principal rival de Cameron pour la direction du Parti il y a neuf ans, Davis Davis a invité le Premier ministre à opérer sans attendre un "virage à droite" et à prendre au sérieux la menace UKIP, en repoussant notamment le "social-libéralisme".

"Il est temps de réaliser que la menace de l'UKIP ne prête vraiment plus à sourire", a-t-il dit. "La direction du parti est considérée comme bien plus à gauche que son électorat."

Dimanche, David Cameron a demandé aux électeurs de se préoccuper surtout des questions économiques et de la réduction de la dette publique, un dossier dont se désintéresse selon lui le dirigeant travailliste Ed Miliband, chef de file de l'opposition.

"Voulez-vous continuer avec notre programme économique à long terme qui est en train de faire ses preuves (...) ou bien aller avec Ed Miliband qui n'a aucun plan, aucune idée sur l'économie ?", a-t-il lancé.

Le Premier ministre a promis de construire 100.000 nouveaux logements, avec une réduction de 20% à l'achat pour les primo-accédants. Il a aussi annoncé des mesures pour réduire les dépenses sociales. Le montant maximum d'allocations par an et par foyer passerait ainsi de 26.000 (33.300 euros) à 23.000 livres sterling (29.500 euros).

Les plus récents sondages sur les intentions de vote aux élections législatives du printemps prochain donnent aux travaillistes une avance de deux à cinq points sur les conservateurs. (Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)