BORDEAUX, 3 octobre (Reuters) - La commission spécialisée chargée de statuer sur l'avenir de la maternité d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques), où une jeune femme a été victime d'un accident d'anesthésie mortel, s'est prononcée vendredi pour la fermeture de l'établissement en raison des difficultés de recrutement de gynécologues-obstétriciens.

La décision finale appartient à l'Agence régionale de la santé (ARS), qui rendra son avis "dans les prochains jours".

Cette procédure, engagée de longue date, est distincte de l'enquête sanitaire ouverte après le décès d'une patiente de 28 ans, mardi à l'hôpital de Pau, des suites d'un accident d'anesthésie lors de son accouchement par césarienne dans la nuit du 26 au 27 septembre derniers. Son bébé est vivant.

L'anesthésiste, une praticienne belge de 45 ans souffrant selon ses dires d'"alcoolémie chronique", a été placée en détention jeudi à Pau après avoir été mise en examen pour "homicide involontaire aggravé par la violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité".

"J'ai indiqué que la fermeture serait prononcée si les conditions de sécurité des soins ne sont pas remplies. Dans les prochains jours, c'est sur cet aspect que portera notre travail, sachant que l'accident anesthésique dramatique lui-même n'a rien à voir là-dedans", a dit à Reuters le directeur général de l'ARS Aquitaine, Michel Laforcade.

L'activité de la maternité est suspendue par décision de l'ARS depuis l'accident, sur lequel une enquête judiciaire a également été ouverte.

"Aujourd'hui plus personne ne court de risque puisque la maternité est fermée. Je prendrai ma décision rapidement sans pour autant vous donner une date", a dit Michel Laforcade.

Selon le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller, il est reproché à l'anesthésiste des erreurs dans le choix des produits et dans les conditions de l'intubation de la patiente qui pourrait être la cause du malaise.

L'autopsie a révélé que le tube relié au respirateur artificiel a été placé par erreur dans l'÷sophage, ce qui a privé la victime d'oxygène durant un quart d'heure.

Les personnels soignants se trouvant sur place au moment des faits avaient tous constaté chez la praticienne des problèmes de compréhension et de réactivité.

L'enquête confiée à un juge d'instruction devra déterminer si l'anesthésiste était ou non sous l'emprise de l'alcool au moment de l'intervention. (Claude Canellas, édité par Sophie Louet)