* Les Champs-Elysées interdits aux manifestants

* La 21e journée avait donné lieu à la mobilisation la plus faible

* Des annonces du chef de l'Etat attendues ces prochains jours

PARIS, 13 avril (Reuters) - Le 22e samedi de manifestations des "Gilets jaunes" fait figure de test avant les annonces d'Emmanuel Macron en réponse à ce mouvement parti en novembre d'une contestation des taxes sur le carburant et marqué par des dérapages violents.

Lors du 21e samedi de manifestations, le 6 avril, la mobilisation a été la plus faible depuis le début du mouvement, avec 22.300 participants recensés en France par le ministère de l'Intérieur, dont 3.500 à Paris.

A Paris, où le préfet de police a de nouveau interdit tout rassemblement de personnes se revendiquant des "Gilets jaunes" sur l'avenue des Champs-Elysées et dans un périmètre incluant la présidence de la République et l'Assemblée nationale, deux manifestations et trois rassemblements ont été déclarés.

Des manifestants ont commencé à converger en fin de matinée vers les deux points de départ des cortèges déclarés, dans le XVIIe arrondissement et le quartier de la place de la Nation (XIIe).

Comme à Paris, les rassemblements de "Gilets jaunes" ont été interdits dans les points sensibles de grandes villes de province, comme le centre-ville de Lille (Nord) ou la place du Capitole à Toulouse (Haute-Garonne).

Les "Gilets jaunes" ont fait de Toulouse le point de ralliement principal de cette 22e journée en province, avec des appels, sur les réseaux sociaux et les murs de la ville, à "reprendre" la place du Capitole, où se trouve la mairie.

On pouvait ainsi lire cette semaine sur les murs de la rue d'Alsace-Lorraine : "16 mars, les riches perdent les Champs, 13 avril on prend le Capitole" - allusion au saccage des Champs-Elysées qui a marqué les manifestations du 16 mars.

Des appels à "une journée noire et de mobilisation nationale pour lutter contre Macron et son monde" ont été diffusés sur les réseaux sociaux. "Montrons-leur que tout ne fait que commencer", lisait-on notamment sur un de ces messages.

La manifestation toulousaine devait débuter vers midi au métro Jean-Jaurès, vers lequel des premiers manifestants ont commencé à converger vers 10h00. Deux figures du mouvement des "Gilets jaunes" étaient annoncées : Maxime Nicolle, alias "Fly Rider", et Priscillia Ludosky.

EN ATTENDANT MACRON

Le maire Les Républicains (LR) de Toulouse, Jean-Claude Moudenc, a dit s’attendre à "une plus grande mobilisation" que le week-end dernier et s'est déclaré "assez inquiet", malgré des moyens supplémentaires obtenus par le préfet.

Le chef de l'Etat doit tirer dans les prochains jours les conclusions du "grand débat national" lancé le 15 janvier pour répondre à ce mouvement aux revendications hétéroclites.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a promis mardi à l'Assemblée nationale des "décisions puissantes et concrètes", notamment en matière de fiscalité, mais le mystère demeure sur les pistes qui seront finalement retenues par l'exécutif.

Sa marge de manoeuvre budgétaire est cependant réduite, après l'annonce début décembre de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à dix milliards d'euros, et le scepticisme, pour ne pas dire la défiance, règne dans les rangs des "Gilets jaunes", qui ont largement boudé le "grand débat national".

"S'ouvre pour le président de la République l'acte II de son quinquennat. Il n'aura pas de seconde chance", avertit dans Le Figaro le président LR du Sénat, Gérard Larcher.

Ce 22e samedi de mobilisation est le premier lors duquel les préfets pourront s'appuyer sur la loi "anti-casseurs" promulguée le 10 avril mais privée par le Conseil constitutionnel d'une de ses principales dispositions.

L'article 3 censuré autorisait les préfets à interdire de manifestation toute personne "à l'égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d'une particulière gravité pour l'ordre public".

Demeure en revanche, notamment, le délit de dissimulation du visage "sans motif légitime" dans une manifestation, passible d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende. (Emmanuel Jarry, avec Johanna Decorse à Toulouse)