PARIS, 12 avril (Reuters) - Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a jugé dimanche soir "indécente" la piste esquissée ce week-end par le gouvernement et le Medef qui consisterait à "travailler plus" à l'issue de la crise liée à l'épidémie de coronavirus pour redresser l'économie française.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a estimé, dans une interview publiée samedi dans Le Figaro, qu'il faudrait à l'issue de la crise se poser la question "du temps de travail, des jours fériés et des congés payés" pour accompagner la reprise économique.

Le même jour, la secrétaire d’Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a prévenu qu'il faudrait "probablement travailler plus que nous ne l’avons fait avant" et "mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective" à l'heure où la France fait face à la pire récession économique depuis 1945.

"C'est totalement indécent,", a réagi Laurent Berger sur France 2. "Aujourd'hui, les travailleurs comme tout le monde sont en train de payer le coût de cette crise. Ce n'est pas à eux de payer ensuite par des slogans qui sont lancés aujourd'hui, les vieilles lunes qui reviennent".

"Puisque certains, notamment le patronat, veulent parler de la suite, on ferait mieux de parler de comment les entreprises contribueront demain au bien commun, quels seront leurs engagements pour développer une économie plus vertueuse", a-t-il ajouté, jugeant la polémique "indigne".

Le numéro un de la centrale réformiste a par ailleurs estimé que la réforme des retraites - suspendue en raison de la crise liée à l'épidémie de coronavirus - n'était "plus d'actualité".

"Après cet épisode, on aura bien d'autres chats à fouetter que de se mettre sur la figure" sur ce sujet, a-t-il déclaré. "Notre système de protection sociale va être mis à rude épreuve, notamment notre système d'assurance chômage, donc on aura à se concentrer à la sortie de cette crise sur bien d'autres problèmes pour ne pas en rajouter".

"Je crois que ce n'est plus un sujet d'actualité, dont acte, on verra si on y revient dans les années à venir", a-t-il ajouté. (Marine Pennetier)