* Toulouse, point de fixation des "Gilets jaunes"

* Les Champs-Elysées interdits aux manifestants

* La 21e journée avait donné lieu à la mobilisation la plus faible

* Des annonces du chef de l'Etat attendues ces prochains jours (Avec nouveau bilan à Toulouse, 6e paragraphe)

par Johanna Decorse

TOULOUSE/PARIS, 13 avril (Reuters) - Le 22e samedi de manifestations de "Gilets jaunes" a été marqué par un léger regain de mobilisation avant les annonces attendues ces prochains jours d'Emmanuel Macron, en réponse à ce mouvement aux revendications hétéroclites parti en novembre dernier d'une contestation des hausses de taxes sur le carburant.

Le ministère de l'Intérieur a fait état de 31.000 manifestants dans toute la France, dont 5.000 à Paris, au lieu de 23.000 et 3.500 samedi dernier.

Les débordements se sont cette fois concentrés à Toulouse (Haute-Garonne), dont les "Gilets jaunes" avaient fait leur principal point de ralliement en province et où la police a dénombré 5.000 à 6.000 manifestants.

Des incidents ont opposé manifestants et forces de l'ordre dans la "Ville rose" tout l'après-midi.

Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et de désencerclement et utilisé un canon à eau pour contenir les manifestants. Ceux-ci ont notamment mis le feu à une baraque de chantier sur les allées Jean Jaurès, à des véhicules, des deux-roues et des poubelles, jeté des projectiles sur la police et dégradé du mobilier urbain et des vitrines.

La préfecture a fait état en fin de journée de 14 blessés en urgence relative, dont un parmi les forces de l'ordre, et de 37 personnes interpellées pour dégradations, jets de projectiles, port d’arme ou visage dissimulé "sans motif légitime", ce qui est désormais passible d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende, selon la nouvelle loi "anti-casseurs".

Ces derniers jours, des messages sur les réseaux sociaux et les murs de Toulouse appelaient à "reprendre" la place du Capitole, où se trouve la mairie et qui était interdite aux manifestants par le préfet.

Ces messages appelaient également à "une journée noire et de mobilisation nationale pour lutter contre Macron et son monde" et montrer "que tout ne fait que commencer".

L'une des figures du mouvement des "Gilets jaunes", Maxime Nicolle, présent à Toulouse, a dit avoir été blessé à la jambe par un éclat de grenade lacrymogène. "Nous restons parce que nous ne sommes pas entendus ni écoutés et cela continuera les samedis suivants", a-t-il dit à des journalistes.

EN ATTENDANT MACRON

A Paris, le préfet de police avait de nouveau interdit tout rassemblement de personnes se réclamant des "Gilets jaunes" sur l'avenue des Champs-Elysées et dans un périmètre incluant la présidence de la République et l'Assemblée nationale.

A 18h30, la préfecture annonçait 27 interpellations et 9.473 contrôles préventifs dans la capitale, où des heurts ont éclaté en fin d'après-midi entre manifestants et forces de l'ordre sur la Place de la République (11e arrondissement).

A Marseille, environ 600 "Gilets jaunes" ont manifesté sans incident sur le Vieux Port mais une centaine de personnes se sont ensuite heurtées aux forces de l'ordre devant un centre commercial dans le quartier de la Joliette.

A Bordeaux, où une partie du centre-ville était interdite aux manifestants, 1.500 à 2.000 personnes, selon les estimations de Reuters, ont manifesté dans le calme.

Le chef de l'Etat doit tirer dans les prochains jours les conclusions du "grand débat national" lancé le 15 janvier pour répondre à ce mouvement aux revendications hétéroclites.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a promis mardi à l'Assemblée nationale des "décisions puissantes et concrètes", notamment en matière de fiscalité, mais le mystère demeure sur les pistes qui seront finalement retenues par l'exécutif.

Sa marge de manoeuvre budgétaire est cependant réduite, après l'annonce début décembre de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à dix milliards d'euros, et le scepticisme, pour ne pas dire la défiance, règne dans les rangs des "Gilets jaunes", qui ont largement boudé le "grand débat national".

"Ce grand débat n'est qu'une opération de communication qui a coûté très cher. Nous en sommes au même point qu'en novembre", a ainsi déclaré Maxime Nicolle à Toulouse.

Pour le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher, interrogé par Le Figaro, Emmanuel Macron, à l'orée de l'acte II de son quinquennat, "n'aura pas de seconde chance". (Avec Emmanuel Jarry à Paris, Jean-François Rosnoblet à Marseille et Claude Canellas à Bordeaux)