PARIS, 11 janvier (Reuters) - Un détenu condamné pour complicité dans l'attentat suicide contre une synagogue de Djerba, qui avait fait 21 morts en Tunisie en 2002, a attaqué jeudi et blessé à coups de ciseaux quatre gardiens de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a-t-on appris de sources pénitentiaires et syndicales.

Des dirigeants syndicaux de l'administration pénitentiaire interrogés par Reuters soupçonnent Christian Ganczarski, un ressortissant allemand converti à l'islam radical, ancien cadre d'Al Qaïda, d'avoir voulu échapper à son extradition aux Etats-Unis en agissant ainsi.

Le parquet de Paris a annoncé dans la foulée l'ouverture d'une enquête pour tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.

Christian Ganczarski, 52 ans, d'origine polonaise, condamné en février 2009 à 18 ans de prison, était libérable dans les prochaines semaines.

Selon des sources syndicales pénitentiaires, il avait été informé en fin de semaine dernière de sa prochaine extradition aux Etats-Unis, où il serait soupçonné d'avoir participé à la préparation des attentats du 11 septembre 2001.

"Nous pensons qu'il a commis ces agressions pour rester détenu en France", a déclaré à Reuters Yoan Kara, dirigeant de Force ouvrière-Pénitentiaire. Un avis partagé par le secrétaire général de l'Unsa-pénitentiaire, Jean-François Forget.

Christian Ganczarski s'est jeté vers 16h00 avec des ciseaux sur trois surveillants et un gradé à l'ouverture de sa cellule. Il les a blessés relativement superficiellement au crâne, au cou et au torse, selon des sources syndicales.

La direction de l'administration pénitentiaire fait pour sa part état de trois blessés superficiels et d'un quatrième hospitalisé pour une blessure au cuir chevelu.

Des images projetées à son procès le montrent en 2000 avec le fondateur d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden, et l'Egyptien Mohamed Atta, chef des pilotes kamikaze du 11 septembre 2001.

Sa fiche signalétique, consultée par Reuters, le présente comme l'ancien "responsable direct" du parc informatique et du réseau de communication ondes courtes d'Al Qaïda.

Il aurait suivi un entraînement en Afghanistan et acquis un savoir-faire en matière d'explosifs. Il est également soupçonné d'avoir été le commanditaire d'une tentative d'attentat sur l'île de la Réunion, lit-on dans cette fiche.

Christian Ganczarski a reconnu avoir séjourné plusieurs fois en Afghanistan et y avoir rencontré Oussama Ben Laden mais a nié avoir jamais pris part à des attentats.

"Il y a un moment qu'on demande des mesures pour prendre en charge les individus de ce genre", a déclaré à Reuters Jean-François Forget. "Nous lançons une action."

"On s'attend à ce qu'il y ait des mouvements de surveillants et nous les accompagnerons", a renchéri Yoan Kara.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a annoncé pour sa part qu'elle irait vendredi à la prison de Vendin-le-Vieil apporter son soutien aux agents de l'administration pénitentiaire. (Emmanuel Jarry)