PARIS, 12 octobre (Reuters) - Plusieurs milliers de victimes et proches de victimes de l'amiante ont défilé samedi après-midi à Paris pour la neuvième année consécutive afin de réclamer justice.

Les manifestants - 4.000 à 5.000 selon les organisateurs, 2.100 selon la police - ont marché de la Tour Montparnasse, toujours pas désamiantée, à la place Saint-Michel, non loin du Palais de Justice.

"On est toujours en attente d'un procès pénal de l'amiante. Ça fait 17 ans qu'on a déposé les premières plaintes et il n'y a toujours pas de perspective de procès pénal", a expliqué à Reuters le vice-président de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), François Desriaux.

"Donc on a pris le pari que tous les ans on manifesterait tant que les responsables de la catastrophe ne seraient pas renvoyés devant un tribunal correctionnel", a-t-il ajouté.

Pour l'Andeva, ces responsables sont à la fois les industriels de l'amiante qui ont, dit l'association, masqué sciemment les dangers de cette substance et retardé son interdiction, et les pouvoirs publics et les autorités sanitaires de l'époque, qui ont "laissé faire".

La cour d'appel de Paris a annulé le 17 mai la mise en examen de l'ancienne ministre socialiste Martine Aubry et de sept autres personnes qui contestent les poursuites dans le drame sanitaire de l'amiante. (voir )

L'Andeva s'est pourvue en cassation contre cette décision. La Cour de cassation doit rendre son arrêt le 29 octobre.

Les manifestants se sont allongés plusieurs minutes sur le boulevard Saint-Michel pour rappeler que l'amiante tue encore 3.000 personnes par an - des experts prédisent qu'elle aura fait au total 100.000 morts en France.

Un des objectifs de la manifestation était de rappeler que "l'affaire de l'amiante n'est pas qu'une affaire du passé, que c'est une affaire du présent, même si l'amiante est interdite depuis 1997", a dit François Desriaux.

"L'amiante est un problème de santé publique permanent parce que, comme on en a mis partout, des gens vivent encore en étant exposés à l'amiante", a-t-il ajouté. (Emmanuel Jarry, édité par Jean-Stéphane Brosse)