PARIS, 7 janvier (Reuters) - A leur arrivée à Charlie Hebdo, les secours ont découvert une "scène de carnage, d'exécution" avec des survivants sous le choc et une odeur prégnante de poudre, selon le témoignage d'un médecin urgentiste présent sur place.

Au moins 12 personnes, dont deux policiers, ont été tuées et huit autres blessées mercredi à Paris dans une fusillade au siège de l'hebdomadaire satirique, une attaque sans précédent sur le territoire français.

"On a vu une scène de carnage, une scène d'exécution comme on les voit dans des scènes de crime où des personnes sont abattues à bout portant, une scène qu'on ne rencontre pas très souvent en France", raconte Patrick Hertgen, médecin urgentiste de sapeurs-pompiers.

"Toutes les victimes étaient à terre, certains blessés graves étaient plus ou moins assis pour tenter de respirer un peu mieux", ajoute-t-il.

Ce médecin se trouvait à proximité du siège de Charlie Hebdo à l'occasion d'une réunion de travail à laquelle participait également Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France (Amuf) et collaborateur régulier de l'hebdomadaire satirique.

"Patrick Pelloux a reçu un appel pendant cette réunion et nous nous sommes rendus sur place", indique Patrick Hertgen. "A notre arrivée, ça sentait fort la fumée d'arme à feu, de poudre".

"On a constaté le massacre, beaucoup de victimes avaient été exécutées, la plupart présentaient des plaies à la tête et au thorax", poursuit le médecin. "On a commencé la prise en charge initiale des blessés graves" jusqu'à l'arrivée d'autres équipes de secours.

"Les personnes blessées ne sont pas passées loin de la mort, elles ont reçu des balles très proches des zones vitales", ajoute-t-il.

Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, 12 personnes sont mortes et huit ont été blessés, dont quatre "en situation d'urgence absolue".

La majorité des victimes étaient rassemblées "dans ce qui ressemblait à une salle de rédaction".

"Les survivants qui se trouvaient dans les bureaux à côté s'étaient barricadés et ne nous ont pas ouvert la porte toute de suite parce qu'il avaient peur, ils ne savaient pas s'il y avaient encore des terroristes", dit le médecin. "L'ambiance était une ambiance de sidération, de silence". (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)